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4 JANVIER 2014 : ANNIVERSAIRE DE L' ALLIANCE FRANCO-RUSSE


Tiré du site Herodote.net, voici un article qui est à rapprocher d'un autre article qui figure dans notre rubrique PRESS BOOK sous le titre : 1893: le pavillon du Tsar flotte sur Ajaccio.   

(09/06/2012)

Mais revenons à l'article d'HERODOTE.net
 

 

Il y a 120 ans, une convention militaire entérinait l'alliance entre la République française et l'empire russe [...]
 

Le 4 janvier 1894 prend forme l'alliance franco-russe.
Une convention militaire secrète est signée entre le gouvernement républicain de la France, sous la présidence de Sadi Carnot, et le gouvernement autocratique du tsar Alexandre III, qui a pris le contrepied de la politique libérale et réformatrice de son prédécesseur, Alexandre II.
Joseph Savès

 

Alliance contre nature

L'alliance franco-russe est le mariage de la carpe et du lapin. Mais elle a les faveurs de l'opinion publique qui cultive avec passion sa haine de l'Allemagne ainsi que de l'Angleterre.
Elle met fin à l'isolement diplomatique de la France, consécutif à sa défaite de 1870 face à l'Allemagne.
Cette alliance est apparue nécessaire après que l'empereur allemand Guillaume II, rompant avec la subtile diplomatie de l'ancien chancelier Bismarck, ait resserré ses liens avec l'Autriche-Hongrie au détriment de la Russie, rivale de cette dernière dans les Balkans. 
Elle a été préparée par la visite d'une escadre française à Cronstadt, le 25 juillet 1891, puis celle d'une escadre russe à Toulon, en octobre 1893.
Un projet de convention militaire, validé le 17 août 1892 par le chef d'état-major Raoul Le Mouton de Boisdeffre et son homologue russe Nicolas Obroutcheff, prévoit que chaque partie portera secours à l'autre en cas d'agression par l'Allemagne ou l'Autriche-Hongrie.
Il est entériné par le tsar Alexandre III le 27 décembre 1893, et par le président de la République française Sadi Carnot le 4 janvier 1894 (l'un et l'autre disparaîtront dans l'année).
Nicolas II reçu par Emile Loubet à Compiègne en 1901


Enthousiasme partagé

Fidèle à la politique de son père, mort le 1er novembre 1894, le tsar Nicolas II visite la France dès octobre 1896 puis une nouvelle fois en septembre 1901.
Dans les journées décisive de juillet et août 1914, la France sera à ses côtés, pour le pire.
Les Parisiens font un accueil chaleureux au tsar Nicolas II et, à l'occasion de son premier déplacement est posée la première pierre d'un pont dédié au précédent tsar.
Ce monument de pierre et de bronze, aux armes de Paris et Saint-Pétersbourg, va relier l'esplanade des Invalides au rond-point des Champs-Élysées par une avenue qui prendra elle-même pendant quelques années le nom d'avenue Nicolas II.
Dans l'enthousiasme, les petits épargnants français souscrivent aux emprunts russes avec bien plus de confiance qu'ils n'investissent dans l'industrie de leur propre pays ! Un tiers de l'épargne nationale va ainsi financer les infrastructures ferroviaires de Russie. Il est vrai que le gouvernement de Saint-Pétersbourg ne ménage pas les subsides à la presse française pour mieux la convaincre des mérites de ces emprunts...
Mais par ricochet, l'alliance entre Paris et Saint-Pétersbourg conduit Berlin et Vienne à resserrer leurs liens au sein de la Diplice. Elle éloigne aussi pour un moment l'Angleterre de la France, Londres et Saint-Pétersbourg ayant des intérêts opposés en Asie et au Moyen-Orient.
L'alliance franco-russe est la première d'une longue suite d'initiatives qui, mises bout à bout, vont conduire l'Europe sur le chemin de la guerre.
Appliquée de façon extensive, elle sera aussi le facteur déclenchant de la Grande Guerre : en août 1914, le président français Raymond Poincaré prendra le risque d'entrer en guerre contre l'Allemagne pour soutenir la Russie dans son différend avec l'Autriche-Hongrie à propos de la Serbie. Mais il aurait pu aussi considérer que l'accord de 1894 n'obligeait pas la France à soutenir la Russie dans ses revendications balkaniques...