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Centenaire du grand exode russe 1920-2020


 
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Centenaire du Grand Exode russe 1920-2020. À l’automne 1920, les derniers combattants de l’Armée blanche du général Wrangel quittent, défaits, la Crimée envahie par les bolchéviques. À l’occasion des cent ans de ce qui deviendra dans la mémoire collective de plusieurs générations d’émigrés russes le « Grand Exode », les Éditions des Syrtes proposent une sélection d’essais historiques et littéraires sur ce thème.

 
Nicolas Ross
Aux sources de l’émigration russe blanche

Gallipoli, Lemnos, Bizerte (1920-1921)

Aux sources de l’émigration russe blanche retrace les premiers pas de l’exode des Russes blancs, leurs combats et leurs motivations.
Le 22 novembre 1920, deux vapeurs russes, le Kherson et le Rion, commencent à débarquer les premiers contingents de l’armée du général Wrangel évacuée de Crimée, dans le port de la petite ville de Gallipoli, à l’entrée de la mer de Marmara.
Cet épisode, à première vue insignifiant dans la perspective de la « grande histoire », fut, peut-être plus qu’aucun autre, l’événement fondateur des quatre-vingt-dix années d’existence des Russes blancs en exil. Environ cinquante mille personnes s’installent dans des camps de fortune sur l’île grecque de Lemnos, à Bizerte en Tunisie et dans la péninsule de Gallipoli. Toutes les couches sociales sont représentées, désormais unies dans le même dénuement. Ces hommes ont un même rêve : le retour prochain au pays, les armes à la main. Mais ce retour se fait attendre et la vie s’organise dans la durée, avec les moyens du bord.
À partir de 1921, et en raison de la pression internationale, les camps sont évacués et les hommes dispersés dans les Balkans. Ensuite d’autres pays, qui offrent de meilleures conditions de travail, les accueilleront. La France, manquant de main-d’œuvre industrielle après la Grande Guerre, sera l’une de leurs principales destinations. Fondé sur des sources peu connues en France et illustré d’un grand nombre de photos inédites, cet ouvrage de Nicolas Ross  présente de manière vivante le combat et l’exode fondateur de la Russie blanche. Il restitue ainsi la mémoire de ces hommes restés fidèles aux valeurs ancestrales de leur pays.
Du même auteur aux Éditions des Syrtes:
Koutiepov  (2016)
De Koutiepov à Miller, le combat des Russes blancs  (2017)
La Crimée blanche du Général Wrangel  (1920) (2014)
Saint-Alexandre-Nevski – centre spirituel de l’émigration russe  (2011)
A paraître (février 2021):
Entre Hitler et Staline, Russes blancs et Soviétiques en Europe durant la Seconde Guerre mondiale.

 
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Littérature

Nadejda Teffi
Souvenirs, une folle traversée de la Russie révolutionnaire


Dix ans après son arrivée à Paris, la grande satiriste et humoriste russe Nadejda Alexandrovna Lokhvitskaïa, plus connue sous le nom de Teffi  (Saint-Pétersbourg 1872 – Paris 1952) relate dans cet ouvrage son extraordinaire traversée de la Russie en pleine révolution. Sa prose toute en finesse dépeint, avec retenue, humour et délicatesse, le périple invraisemblable d’une troupe d’artistes quittant Moscou pour se produire en Ukraine, puis à Odessa, avant de fuir le pays dévasté. 
Davantage qu’un reportage sur les événements tragiques d’un Empire en décomposition, ce livre, véritable roman, est une allégorie poétique de l’exil, émaillée de portraits inoubliables. Les lecteurs se souviendront avec tendresse de ce périple.
Il s’agit en effet d’une oeuvre unique, une vision féminine, intime, lucide et drôle d’une tragédie au retentissement universel.
À Novorossiisk, tandis que le bateau qui l’emmène à Constantinople s’éloigne du quai, Teffi fixe sa patrie perdue.
« De mes yeux grand ouverts jusqu’à être glacés. Je regarde. Sans bouger. J’ai transgressé ma propre interdiction. Je me suis retournée. Et voilà que, comme la femme de Loth, je me suis figée. Pétrifiée jusqu’à la fin des siècles, je verrai ma terre s’éloigner doucement, tout doucement. »
Teffi était l’auteur le plus lu par l’émigration russe entre 1920 à 1940. Elle est enterrée au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois.
 
Nelly Ptachkina
Journal (1918-1920)


Le 25 juillet 1920, Nelly Ptachkina  tombait dans la cascade du Dard, au pied du Mont-Blanc. Elle avait dix-sept ans et laissait un journal, édité ensuite par sa mère, dans les années 1920. Joseph Kessel en publia des extraits dans ses Souvenirs d’un commissaire rouge.
Le Journal (1918-1920) recouvre la chronologie de la guerre civile depuis son déclenchement jusqu’au début des conflits russo-polonais, qui entraîneront la guerre soviéto-polonaise. Mue essentiellement par la nécessité d’une introspection liée à la construction de sa personnalité, Nelly Ptachkina fait de ses notes de véritables « rapports » sur son état intérieur face à ces complexes bouleversements historiques. Elle ignore alors – mais plus pour très longtemps – que vivre et s’observer, pour elle, sera synonyme de se penser comme témoin historique.
D’une maturité peu commune et d’une indépendance d’esprit absolue, Nelly, dont la personnalité est peu à peu façonnée par la présence constante de la mort et la perspective de la destruction du monde qui était le sien, reste cependant attachée à une Russie dont elle n’a pas encore compris ni accepté la disparition. Mais, face aux pogroms qui déchirent l’Ukraine et à l’explosion de la violence, l’émigration devient salut, même si c’est le cœur lourd qu’elle se sépare des paysages de son enfance. Images vues comme à travers le trou de la serrure, de façon parcellaire, fragmentée, floue. C’est ainsi que la révolution et la guerre civile apparaissent à un individu isolé, aux familles jetées dans la tourmente et, à plus forte raison, à une adolescente pensant son devenir dans un monde déstructuré.