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DE LA CRIMÉE A LA CORSE - L’ODYSSÉE DU NAVIRE "RION" ( ex-Smolensk) - 1921


DE LA CRIMÉE A LA CORSE - L’ODYSSÉE DU NAVIRE "RION" ( ex-Smolensk)  - 1921

Chant cosaque. Nous avons quitté la Crimée
https://www.youtube.com/watch?v=Mv-c0LzFRXY

Images de la guerre civile en Ukraine 

https://www.youtube.com/watch?v=YS7yTh686Vw


La Corse des enfants et petits-enfants des migrants du RION

I MUVRINI A TE CORSICA
https://www.youtube.com/watch?v=dUMTyNzZkCQ
https://www.youtube.com/watch?v=Ji-6gfWQq-s

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https://www.youtube.com/watch?v=erp52CEHKGc

L'Avvinta, Kendji Girac - Catena (Clip officiel)

 

Catena - I Chjami Aghjalesi et Jenifer

https://www.youtube.com/watch?v=Zx1XrMP3EBg


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L'ODYSSEE DU "RION"
 
La Corse compte un certain nombre d'habitants d'origine russe et ukrainienne. Ce sont les enfants et petits enfants d'émigrants qui, fuyant le régime bolchevique, se fixèrent en terre corse.
En effet, le 15 mai 1921, un transport de troupes ayant à son bord 3.800 personnes a mouillé en rade d'Ajaccio. Il y est demeuré jusqu'à la fin juin 1921. Les passagers étaient des soldats de l'armée  WRANGEL, notamment cosaques. Mais il y avait également à bord quelques civils : familles d'officiers, commerçants, fonctionnaires, propriétaires terriens, et paysans ukrainiens ayant choisi le parti des blancs.

Le navire venait de Turquie, où avait échoué la majeure partie de l'armée WRANGEL, vaincue par les Rouges et repoussée vers les rives de la mer noire en novembre 1920.
Rappelons que la révolution ne s'est pas imposée immédiatement en Russie, et qu'elle ne se limite pas aux "journées d'octobre" qui ont vu Lénine, par un putsch audacieux, s'emparer du pouvoir à Petrograd (devenue Leningrad sous l'URSS).
De 1917 à 1921, plusieurs armées dites "blanches" (par opposition à l'armée rouge), ont mené avec l'appui de corps expéditionnaires américain, anglais, français et tchèque une "contre-révolution" qui a pris les allures d'une véritable guerre civile.
Ces armées, composées de tsaristes mais également de républicains fidèles au gouvernement provisoire, ou de Russes effrayés par les excès des révolutionnaires, ont notamment combattu en Sibérie (amiral Koltchak), en Ukraine (Général Denikine), sur le Don (Cosaques de Kaledine), et en Crimée (Général Wrangel). Le pouvoir des soviets ne s'est durablement installé qu'avec la disparition des dernières forces blanches en Mongolie et au Turkestan, en 1921.
De 1917 à 1921 la guerre civile a causé d'innombrables pertes humaines, dues aux exactions respectives des troupes blanches et rouges, et aux méthodes des bolcheviques, adeptes de la dictature du prolétariat et de la "terreur de masse".
L'armée Wrangel, dernière armée "organisée" des tsaristes, a réussi sous la protection des marines française et anglaise, à embarquer dans un ordre relatif  à Sébastopol et à quitter la Russie.
Près de 120 navires, essentiellement russes, mais également une dizaine de navires français et quelques bateaux italiens et grecs, ont amené en Turquie, environ 110.000 soldats, dont nombre de cosaques, et 30.000 civils, Ukrainiens pour la plupart.
La marine anglaise, pour sa part, s'est contentée de rapatrier ses ressortissants. Seul un capitaine anglais, désobéissant aux ordres, a accepté des réfugiés, ce qui, pour l'anecdote, lui a valu une promesse de cour martiale de la part de l'amiral commandant la flotte britannique, promesse néanmoins accompagnée de félicitations pour sa générosité.

Le "RION", transport de troupes mixte, parti de Gallipoli, en Turquie, alors occupée par les troupes alliées après leur victoire sur l'Allemagne durant la guerre 14-18, a fait escale à Messine puis a terminé sa course à Ajaccio, victime d'une grave avarie de moteur.
Sa destination finale devait être le Brésil, demandeur de main-d'oeuvre agricole, où devaient s'installer les migrants. Seuls 600 d'entre eux seraient finalement parvenus à destination (Etat de Sao Paulo) en empruntant un autre navire. Les autres (près de 3.000) sont restés momentanément en terre corse.

En 1924 on ne dénombrait plus dans l'île que deux à trois cents émigrés (chiffres variant selon les sources), les autres ayant choisi de gagner le continent français, où le marché de l'emploi se révélait moins étroit que celui de l'île, qui conserva quelques dizaines de migrants devenus "garçons de ferme" dans les villages de l'intérieur, quelques fonctionnaires contraints d'exercer des métiers n'ayant qu'un lointain rapport avec leur activité initiale, et certains techniciens (industriels, ingénieurs, commerçants) qui, à quelques exceptions près, ne retrouvèrent pas leur qualification d'origine.

Certains émigrés demeurés célibataires disparurent dans un certain anonymat au fil des ans. D'autres épousèrent des insulaires et fondèrent famille.
Ils ont vraisemblablement incité d'autres émigrés russes et ukrainiens de leur connaissance dispersés en Europe à venir en Corse,  île dont ils vantaient certainement le charme et l'hospîtalité, car on note des arrivées individuelles jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale.
C'est ainsi que Constantin Maiboroda, père de l'auteur de cet article, ayant fui l'Ukraine, son pays de naissance, est arrivé en France continentale en 1925 puis en Corse en 1928. Il y a épousé, peu après, une insulaire originaire du village d'UCCIANI, Catherine Mariaccia (Cf. sur notre site l'article "
Arrivée de Russes blancs en Corse : un choc culturel"  )

 
La Corse a donc connu des patronymes tels que :   Amolsky, Aparine, Baranovsky, Bikodoroff, Borissoff, Borodine, Boudnikoff, Dimitrieff, Gorovenko, Gourinovitch, Ivanov, Joukoff, Kartawiy , Kedroff,  Kerefoff, Kilko, Kotchef,  Kugeloff, Lebedeff, Maïboroda, Mironenko, Modzalewsky, Oupirenko, Pimenof, Pobiedenny, Popov, Seleznef, Serdukof, Tarrassenko,  Tchesnekoff, Teletsine, Voropaief...
Le nombre de ces patronymes s'est réduit au fil des disparitions naturelles ou des alliances avec des familles locales. 

Notre  île ayant la faculté historique pourrait-on dire, de "phagocyter" ceux qui débarquent sur ses rivages, la génération suivante s'est pratiquement fondue dans le peuple corse et seuls les patronymes révèlent désormais l'origine de ces insulaires "insolites".

 
Ajoutons, pour terminer, que le prince Youssoupov, connu pour avoir participé à l'élimination de Raspoutine, s'était installé en Corse, à CALVI, en 1924, où il avait fait l'acquisition d'une demeure,  et que notre île compte aujourd'hui parmi ses habitants permanents ou temporaires des descendants du général WRANGEL.

Jean Maïboroda

 ⃰  Cf.  sur notre site l'article : "Le Prince Youssoupov en Corse" - Rubrique LES RUSSES EN CORSE.

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P.S 1 : Cet article peut être utilement complété par la lecture du relevé intégral des éditions du Journal " La Jeune Corse" en date de la période considérée (1921).
Cf  :  Rubrique "LES RUSSES EN CORSE" - Article " Extraits du journal La jeune Corse.1921"
https://www.kalinka-machja.com/Extraits-du-journal-La-jeune-Corse-1921_a73.html


P.S 2 : Un film est spécialement dédié à l'émigration  "russe blanche " en Corse. Il s'agit de : Lettre d'un Russe en Corse".
http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/21908_1
Le film se présente comme la lettre imaginaire de l'un de ces Russes installés en Corse ; à travers des archives filmées, des documents personnels et des témoignages des descendants du Rion, il raconte le destin des réfugiés russes.

PS. 3 : Pour connaître de manière moins condensée les conditions de l'arrivée du "RION" dans la rade d'Ajaccio en 1921, nous conseillons à nos visiteurs la lecture de l'article figurant dans la rubrique "Les Russes en Corse", sous le titre: "Mai 1921. Les émigrants du "RION" à Ajaccio",  dont l'auteur est monsieur Bruno Bagni, historien.
https://www.kalinka-machja.com/Mai-1921-les-emigrants-du-RION-a-Ajaccio_a18.html

Par ailleurs, monsieur BAGNI est l'auteur d'un ouvrage intitulé  "L'Odyssée du Rion", paru en 2013, qui relate cet  épisode de manière plus détaillée. Cet ouvrage a été traduit en russe par madame Lioudmila Dole, présidente de l'Association "Les amis de la culture russe" ( TOULON) 
http://culturerusse-var.fr/  (en LIEN sur notre site).

P.S 4 : Cf. Dans la rubrique "LES COSAQUES" l'émouvant récit d'un émigrant du RION, monsieur Philippe Rodine, récit recueilli par son fils  ( M.Théo Rodine).   
 
 

 
Vidéos évoquant la guerre civile russe :


https://www.youtube.com/watch?v=gi1z_l-Rnzs

Прости Россия - песня "Господа Офицеры"

https://www.youtube.com/watch?v=fW8qisv7gnk
Казаки Гражданская война, рубка: белые против красных

https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/cent-ans-apres-la-revolution-russe-heriter-de-1917-34-de-lexode
De l’exode à l’exil en France, parcours d’émigration

https://www.youtube.com/watch?v=5-rLJ-yl8Gw
La guerre des Russes blancs - 1/2 : la conférence

https://www.dailymotion.com/video/xyf90v
La Révolution Russe En Couleurs  

 



https://www.dailymotion.com/video/xyf90v
La Révolution Russe En Couleurs  
 
https://www.youtube.com/watch?v=5tPSyXe5rd4&list=RD5tPSyXe5rd4&index=1

https://www.youtube.com/watch?v=5-rLJ-yl8Gw
La guerre des Russes blancs - 1/2 : la conférence

https://www.dailymotion.com/video/xyf90v
La Révolution Russe En Couleurs  
 
 


Navire RION ( ex-Smolensk)
Navire RION ( ex-Smolensk)
Navire RION  ex-Smolensk