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Destins de passagers du RION temporairement réfugiés en terre corse.


Alexandra PEMOFF enfant à bord du RION
Alexandra PEMOFF enfant à bord du RION
Nous recevons de Madame Anne May, domiciliée en France à La Garenne-Colombes, un message accompagné de quelques photos, concernant ses parents.
 
Elle est la petite fille d’une passagère du RION, Marguerite Pémoff, née Dimanchin. qui a séjourné temporairement en Corse, avec ses deux filles, Macha et Alexandra, alors enfants, lors de l’escale forcée de ce navire en rade d’Ajaccio en 1921.
La jeune Marguerite avait quitté la France à l’âge de 17 ans pour devenir gouvernante en Russie à Novotcherkassk (oblast de Rostov-sur-le Don) . Elle épousa un Cosaque, Alexandre PEMOFF  (Александр  Пемоф), qui était peintre. Il est dit dans la famille qu’elle avait été présentée à la cour du tsar.
Au moment de la révolution, elle était déjà veuve. Ayant fui Novotcherkassk, elle fut prévenue par la Mission Française où elle enseignait le français, que le dernier bateau allait quitter Constantinople. Il lui fallut partir de toute urgence avec ses deux fillettes, Macha et Alexandra.
 
Anne May est la fille de la cadette, Alexandra, née en 1908. Sa mère et sa grand-mère lui ont raconté qu’elles avaient vécu en Corse avant de se rendre près de Grenoble, puis à Paris et enfin à Courbevoie dans la proche banlieue parisienne, retrouvant en France plusieurs membres de la colonie russe immigrée. A. May se souvient d’avoir été entourée dans son enfance, de généraux, de princes, de colonels etc...
 
Coté paternel, Madame May est la fille d’Eugène May (*), (Eвгений вячеславович Maй) , né en 1901 à Chostka (Шостка), ville actuellement située en Ukraine, mais située autrefois, en Russie impériale, dans le « gouvernement » de Tchernigov (Черниговская губерния).
Tout jeune, son père l’avait inscrit au « Corps des Cadets de Pages de la garde impériale », où il fit ses études. Pendant la révolution,  son frère aîné a été tué. Lui-même était jeune sous-lieutenant, à 17 ans. Son cheval avait été tué sous lui durant un combat. Pour ses faits d’armes, il avait obtenu la plus haute distinction militaire, la Croix Saint-George. Avec l’armée, il s’est retrouvé dans un camp, à Galipolli, où il souffrit du scorbut.

Titulaire d’un diplôme d’architecture et construction mais ne maîtrisant pas la langue française, Eugène May a été amené à exercer la profession de chauffeur de taxi à Paris, comme nombre de ses camarades exilés.
Un document daté de 1945 atteste qu’il a fait partie de la Résistance en France.
 
(*) : Le nom de Maй a été mal transcrit par l’employé qui a reçu le jeune Eugène à son arrivée en France. Au lieu de « Maï »,  le nom de la famille a été « anglicisé » par erreur et est devenu « May »)
 
 
 
 
 

Document relatif au séjour de M.Evguenii Maй à Constantinople
Document relatif au séjour de M.Evguenii Maй à Constantinople