Description (éditeur)
« Cet ouvrage est remarquable à plus d’un titre. C’est d’abord un rappel concis et documenté des racines historiques de la Russie. Érudit, le prince Volkonski nous fait toucher de près l’unité de cet immense territoire, gouverné pendant plusieurs siècles par une seule dynastie, celle des Rurikides, dont descend sa famille. Les vicissitudes sont nombreuses: démembrement dû à l’invasion mongole, occupation de terres russes par la Pologne et la Lituanie, marche pour l’unité. Toutes participent de la formation de l’identité nationale, un facteur clef pour mieux comprendre les Russes et la Russie à travers l’histoire.
Cette unité russe retrouvée devient la cible d’une politique concertée de l’Europe. Les menées de l’Autriche-Hongrie, de l’Allemagne, puis celles des Etats-Unis d’Amérique et celles des anciens alliés de la Russie pendant la Grande guerre sont brillamment exposées et dénoncées avec vigueur par l’auteur, qui s’appuie là sur son expérience de militaire et de diplomate. Il remet les pendules à l’heure avec une vivacité qui tient constamment le lecteur en haleine. Mais sa lucidité vis-à-vis des enjeux politiques n’a d’égale que son inquiétude face à la manipulation des esprits. Par ce biais, il nous offre aussi une image émouvante de son identité d’exilé, celle des Russes de la première émigration.
La crise ukrainienne actuelle plonge ses racines dans ce passé complexe, le nier est une folie dangereuse. En ce sens, ce livre apporte une aide précieuse à qui veut y comprendre quelque chose. Bien des éléments analysés par le prince Volkonski gardent une redoutable actualité : la haine de la Russie cultivée par certains, l’étonnement douloureux que cette agressivité suscite chez les Russes, l’hypocrisie intéressée des pays européens. L’entreprise de désinformation se poursuit, favorisée comme jamais en Europe par l’ignorance de générations auxquelles on a enseigné le dédain de l’histoire et de la géographie. »
– Prince Dimitri Schakhovskoy
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http://www.russieinfo.com/ukraine-la-verite-historique-du-russe-volkonski-2015-04-08
Ukraine "la vérité historique" du russe Volkonski
08/04/2015 | Maureen Demidoff.
"L’Ukraine, la vérité historique" est un pamphlet écrit par le prince russe Alexandre Volkonski en 1920. Un texte qui fait écho de façon saisissante aux évènements actuels qui déchirent la Russie et l’Ukraine.
UKRAINE: Russia South. inset Odessa. 1920
"Le démembrement de la Russie fut un des buts du monde germanique dans la Grande guerre. Les puissances de l’Entente suivent dans cette question la voie tracée par l’Allemagne: il ne leur reste plus que de reconnaître l’indépendance de tout le Sud de la Russie, et le rêve germanique sera réalisé.
Quand on médite une injustice, on accepte volontiers comme certain tout ce qui paraît la justifier. C’est ainsi que la légende de l’existence d’un peuple ukrainien et du joug russe qui pèserait sur lui, a trouvé du succès dans la presse des pays de l’Entente. Si l’on cherchait un exemple pour démontrer la façon dont la presse crée une opinion publique fausse, on n’en trouverait pas un meilleur que celui de la propagande du parti ukrainophile.
(…) Qui lira ces pages connaîtra la vérité historique."
Ainsi commence le texte du prince Alexandre Volkonski, à travers lequel il répond au traité de Varsovie du 22 avril 1920 signé par Simon Petlioura, le leader nationaliste ukrainien, qui entérinait l’indépendance de l’Ukraine.
En se basant sur l’historiographie traditionnelle russe, l’auteur s’efforce de prouver que Russes et Ukrainiens n’ont jamais été ennemis et constituent un même peuple. Pour lui, l’idée des Moscovites comme "ennemis séculaires des Ukrainiens" serait née de la manipulation des grandes puissances étrangères, suite au traité de Versailles.
Dans son texte, Alexandre Volkonski dénonce la haine de la Russie cultivée par certains, l’étonnement douloureux que cette agressivité suscite chez les Russes, l'hypocrisie intéressée des pays européens... et s’emporte face aux théories historiques qui justifient le démembrement de l’Empire russe, lui qui ne définit pas sa patrie par des références géographiques mais par la langue, le vieux russe.
La langue au cœur des idéaux politiques
Cet ouvrage est préfacé par Jean-Pierre Arrignon, historien et spécialiste de la Russie. Ce dernier rappelle l’importance du contexte historique pour comprendre le texte de Volkonski. A savoir la renaissance slave en Europe, avec le désir pour les peuples slaves du Sud et d’Europe centrale de donner naissance à une slavistique slave indépendamment de la slavistique russe.
Dans sa préface, Jean-Pierre Arrignon met ainsi en évidence le long processus de création de la langue ukrainienne, issue de la tradition de linguistique de la Rus’ de Kiev, qui unifiait l’Ukraine à celle du peuple russe. Jusqu’au moment où la civilisation russe et la civilisation ukrainienne ont éprouvé le besoin de "se définir l’une par rapport à l’autre au XIXe siècle dans une démarche de rupture."
Il explique que ces tensions entre les deux langues et les deux cultures sont portées par deux éminents protagonistes : les historiens russe et ukrainien Vassili Ossipovitch Klioutchevski (1841-1911) et Mikhaïl Hrouszewki (1866-1934).
Pour le premier l’unité de la Rus’ de Kiev se prolonge dans la Moscovie, l’Empire des tsars, et enfin l’Empire russe. C’est une vision unitaire de l’histoire russe. Le second développe l’idée opposée de la séparation de l’ethnogenèse et du vecteur des peuples ukrainiens et russes. Pour lui, la Rus’ de Kiev a une identité propre qui se prolonge naturellement dans l’Ukraine moderne. Ces deux approches, relayées par ces historiens, s’affrontent directement dans les premières années du XXe siècle.
Un texte militant
Le prince Volkonski s’est fortement intéressé aux travaux de Hrouszewki pour rédiger son étude. Il s’applique à dénoncer les inexactitudes et les erreurs de l’historien ukrainien qui ont abouti, selon lui, à une falsification de l’histoire. Il titrera ainsi son ouvrage : La vérité historique et la propagande ukrainophile !
A l’heure où il écrit, Alexandre Volkonski, issu de l’une des plus vieilles familles de la noblesse impériale russe et officier de la Garde impériale, souffre de voir sa patrie déchirée. Son ouvrage, comme l’écrit Jean-Pierre Arrignon, est "une lecture militante d’un homme meurtri de voir sa patrie, la Russie, dépecée, marginalisée, humiliée par les alliés anglais, américains et français vainqueurs de la Grande Guerre".
Le prince Volkonski est aussi l’auteur d’analyses politiques et de nombreux articles où il assume son opposition aux mouvements nationalistes ukrainiens, "soutenus et financés par I'Allemagne". Farouche défenseur de sa patrie, Volkonski se positionne« contre la force montante du nationalisme ukrainien» et accuse les puissances alliées d’utiliser "les nationalismes pour renforcer leur puissance et affaiblir leurs adversaires."
La lecture de ce livre s’inscrit de façon troublante dans une actualité bouleversée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, où l’on retrouve des théories similaires à pratiquement un siècle d’écart.
Alexandre Volkonski, L’Ukraine, la vérité historique
Aux Editions des Syrtes, 2015
288 pages
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Tiré de : http://fr.sputniknews.com/analyse/20150527/1016294902.html
par un prince russe et catholique
On entend souvent qu'il est bien difficile de s'y retrouver dans la crise ukrainienne actuelle. C'est à la fois une des causes et une conséquence des mensonges et dissimulations massifs véhiculés par la presse dominante.
Dans le cas de l'Ukraine, un ouvrage d'histoire paru récemment en français, permet d'aller aux racines du mal.
Le livre est paru en 1920, donc en aucun cas pour surfer sur la vague du «Maidan» actuel. Intitulé: «Ukraine, la vérité historique», il est d'une surprenante actualité. Par son existence même, la date de sa publication et la polémique historique qu'il entame au moment même où se créent les mythes et thématiques qui aujourd'hui sont invoqués, sur fond de guerre civile, dont ils sont une des causes.
L'auteur Alexandre Volkonski, est un prince de la lignée des Rurik, premiers souverains russes à Kiev. Mais il est devenu à la fin de sa vie prêtre greco-catholique («uniate» — catholique de rite oriental), qui le rend pour le moins compréhensif et sensible aux Ukrainiens de l'ouest, devenus catholiques sous la domination polonaise. Ils sont aujourd'hui les plus influencés par un nationalisme exacerbé, hostiles à leurs concitoyens russes ou même russophones. Ce n'est pas le cas de Volkonski.
UN SEUL PEUPLE
Il montre en effet par son rappel historique détaillé et documenté que les peuples russes et ukrainiens ne sont en fait qu'un seul et même peuple. Que leurs territoires ont été morcelés et divisés par l'histoire et que les conquérants successifs ont cherché à les diviser. Souvent en tentant de réécrire l'histoire, parfois contre toute évidence.
Comme chacun sait aujourd'hui, la Rus' urbaine, c'est à dire la Russie, est née à Kiev et Novgorod, environ au IX ème siècle. Le grand Prince, premier entre ses pairs (et frères) qui règnaient sur les autres cités russes était à Kiev. Cela provoquait des guerres interminables au moment des successions.
C'est là que le Grand Prince Vladimir a «baptisé» la Russie en 988 au rite chrétien byzantin. Celà reste une référence commune fondatrice pour tous les Russes, y compris ceux d'Ukraine. La langue d'alors, le vieux russe, était commune à tous. L'ukrainien, issus d'au moins trois dialectes essentiellement galiciens, et qui fut un élément identitaire lors de la domination autrichienne ou polonaise, n'a été fixé qu'au XIXème siècle.
Mais Kiev fut détruite en 1240 par les Tatares. Et la steppe vers l'est resta quasi déserte durant près de 300 ans. Elle se repeupla peu à peu de cosaques, composés essentiellement de fugitifs (servage, persécutions religieuses, évasions…) de diverses nationalités. Quant à l'autre partie, celle de l'ouest, elle fut conquise par les Lituaniens unis ensuite aux Polonais dans le royaume «unissant les deux mers» (de la mer Baltique à la mer Noire). Ce royaume historique hante encore aujourd'hui l'esprit nostalgique de nombreux nationalistes polonais. ET il est l'un des objectifs de géopoliticiens américains.
Jamais avant 1918, écrit Volkonski, l'Ukraine n'a été un état indépendant, contrairement à ce que prétend la propagande ukrainophile. Cette dernière se réfère à un «état cosaque» aux XVI ème et XVII ème siècle. Or, écrit Volkonski, «durant ces siècles, l'Ukraine n'était qu'une partie de l'état polonais…. C'est lui qui fixe le nombre des cosaques: 60,000 hommes en 1575, 6.000 en 1627, 1.200 en 1638. Il introduit le servage et y soumet une partie des cosaques, la liberté de conscience octroyée à la population petite-russe (nom d'une partie de l'Ukraine) est telle que le métropolite orthodoxe de Kiev prie (en 1625) le tsar de Moscou de prendre l'Ukraine sous sa souveraineté….. Les Ukrainiens de l'époque ne se considéraient pas comme libres et, durant tout un siècle, ils ont avec ténacité sacrifié leurs vies dans le vain espoir de secouer le joug étranger». En 1654, sous le commandement du hetman Bogdan Hmelnitski, l'Ukraine et la Russie unissent à nouveau leurs destins. C'est la célébration du tricentenaire de ce Traité de Pereïslav qui servit de pretexte à Nikita Khrouchtchev pour offrir la Crimée (sans Sébastopol) à l'Ukraine soviétique en 1954.
UNE CREATION AUTRICHIENNE APPLIQUEE PAR LES BOLCHEVIKS
L'ouvrage de Volkonski est œuvre d'historien. Très précis et détaillé, il vise à répondre aux thèses et aux contre-vérités historiques véhiculées par une des pères fondateurs du nationalisme ukrainien, Mikhail Hrouszewski, historien et homme politique qui fut le premier président de la Rada (parlement) fondée à Kiev après la révolution bolchévique, avant de devenir sous le pouvoir stalinien, membre de l'Académie des sciences de l'URSS pour favoriser «l'ukrainisation» de l'Ukraine… Car cette dernière n'allait pas du tout de soi. Et Volkonski démonte les nombreux subterfuges de Hrouszewski pour tenter de créer une Ukraine historique qui n'existe guère. Hrouszewski décrit par exemple une dynastie de princes ukrainiens d'avant les Tatares, en oubliant tout simplement ceux qui ont régné par rotation dans les autres villes russes. Il recourt à la création autrichienne des Ruthènes, en fait des Russes pour la plupart, pour tenter de justifier l'existence d'un peuple différent des autres Russes…
Pour résumer, on peut dire que ce sont les bolcheviks communistes qui ont appliqué sur le terrain une création austro-allemande, reprise par les polonais en s'appuyant sur quelques intellectuels galiciens (Région de Lvov dominée par l'Autriche jusqu'en 1918, puis polonaise avant de devenir soviétique en 1939 puis en 1945). Pour les Autrichiens et les Prussiens ensuite (Volkonski cite des cartes trouvées au début de la première guerre mondiale sur des officiers allemands montrant une petite Pologne et une grande Ukraine), il s'agissait bien sûr d'affaiblir la Russie en la divisant. Comme c'est ce que visent aujourd'hui les USA, ils ont repris l'idée avec tous leurs moyens. Pour l'Allemagne, les choses ont changé mais le poids de ses choix historiques en diplomatie explique en partie ses positions ambigües sur la question ukrainienne et vis-àvis de la Russie.
Il est pour le moins paradoxal que les nationalistes ukrainiens au pouvoir aujourd'hui à Kiev, qui ont il est vrai ajouté à leur Panthéon, où figure Hrouszewski, des collaborateurs des Allemands durant la deuxième guerre mondiale, accusent les communistes de tous les maux de l'Ukraine, alors que ces derniers sont eux qui ont créé l'Ukraine et tenté de la rendre viable.
Aujourd'hui encore, la diversité du pays et le refus d'en tenir compte, font que la partie n'est toujours pas gagnée. Et même si aujourd'hui, après tant de décennies, une nationalité ukrainienne s'est formée, est-il vraiment dans l'intérêt des autres européens d'encourager les discours de haine pour continuer à jouer la division entre peuples russes historiques? Elle fut imaginée à Vienne, Berlin et Varsovie en des temps qui ont mené à la catastrophe européenne de la première guerre mondiale. Veut-on à ce point que l'histoire se répète?
Dimitri de Kochko
27.05.2015