Ceci explique l'intérêt que nous portons à leur souvenir, au développement actuel des liens entre l'entité cosaque et la Corse, et plus largement à la Cosaquerie.
Rappelons que le regretté Joseph TARRASSENKO, qui fut durant plus d'une décennie Président de l'Association Kalinka-Machja, et dont la famille paternelle était originaire du Kouban ( région de Krasnodar) s'enorgueillissait volontiers de ses attaches cosaques.
Article tiré de :
Association des Cosaques de France
Ассоциация Казаков во Франции
http://www.cosaque.fr/
En août 2018, notre Ataman CHMYREV Guennadi , s'est rendu en Corse à l'invitation des patriotes de la Ligue des Nations.*
Le but de ce voyage était de jeter les bases d’une coopération future menant à la création de l’Association des cosaques corses.
Les liens entre la Corse et les Cosaques sont anciens. Après la guerre civile, le navire, dans lequel se trouvaient des milliers de survivants du Wrangel, s’est arrêté à Ajaccio. Au lieu de continuer leur voyage vers le Brésil, plusieurs centaines de Russes blancs ont décidé de rester sur l'île. Certains sont restés là. Aujourd'hui, plusieurs familles corses ont des racines cosaques.
Aujourd'hui, il unit les Corses et les Cosaques, tel est l'amour même de la liberté, l'enracinement; cette même haine du monde moderne, incarnée par le nouvel ordre mondial et son aile armée, l'OTAN.
Les patriotes corses se rendent compte que la lutte est désormais mondiale, ils ont décidé de rejoindre le réseau des villages cosaques. Ils sont originaires du Monténégro, de la Lituanie, de la Bulgarie, de la Finlande et de la Lettonie.
Les Cosaques d'Europe accueillent fièrement les nouveaux frères des Cosaques Corses. Le 14 octobre 2018, la délégation Corse accompagnera les Cosaques de France, dirige par Ataman CHMYREV Guennadi, à Novotcherkassk, afin de sceller cette nouvelle alliance.
Dieu merci, nous sommes des cosaques.
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* Je suppose qu'il s'agit de "LEIA NAZIUNALE"
J.M
A Novocherkassk est née l’internationale des Cosaques !
Du 12 au 16 octobre, l’ataman Guennadi Chmyrev s’est rendu à Novocherkassk accompagné de membres de l’association des Cosaques de France et de la stanitsa récemment fondée en Corse.
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Tiré du site :
http://leon.tourtzevitch.pagesperso-orange.fr/russie.htm
Le débat sur les origines
La formation des Cosaques au sens historique, c'est-à-dire de communautés militaires autonomes majoritairement slaves, s'est produite à la fin du XVe et au début du XVIe siècle, aux marges méridionales des grandes principautés de Lituanie et de Moscovie, dans les steppes ukraino-russes alors dominées par les Tatars. Leur apparition a été expliquée de deux façons bien différentes. Toute une école d'historiens y a vu un phénomène plutôt ethnique : les Cosaques seraient les descendants slavisés de nomades de la steppe, « apprivoisés » par les États voisins et devenus leurs auxiliaires militaires ; ces théories s'appuient sur les éléments steppiques bien présents dans la culture des anciens Cosaques, comme leur propre nom – qazaq est un mot turc désignant un fugitif, un homme qui a rompu avec son groupe d'origine –, leur costume et certains termes de leur vocabulaire spécifique. Pour d'autres, il s'agit avant tout d'un fait social : des paysans fuyant le servage auraient constitué dans les steppes des groupes d'aventuriers, des sortes de pirates de terre ferme. Le problème est que chacune de ces grandes théories contient une part de vérité et s'appuie sur des faits bien attestés. Certains historiens les combinent d'ailleurs en proportions variables. Mais dans une perspective historique plus large, les Cosaques sont l'aboutissement de processus beaucoup plus longs et complexes.
Les régions limitrophes de la grande steppe herbeuse – en particulier la steppe boisée ukrainienne – ont en effet été, depuis l'Antiquité, le théâtre de contacts étroits entre les Proto-Slaves, puis Slaves et enfin Slaves Orientaux – ancêtres des Biélorussiens, Ukrainiens et Russes – et les populations nomades successives. Les plus anciens de ces contacts datent au moins de l'époque scythe (VIe-IIIe siècles av. J.-C.). Ils furent suivis par des liens avec les Sarmates et Alains iranophones, puis les Huns, les Avars et diverses hordes turcophones. L'empire slave-oriental de Kiev (IXe-XIIIe siècles) employait certains de ces groupes turcs comme garde-frontières et il entretenait des relations complexes de « partenaire-adversaire » avec le grand peuple nomade des Polovtses, également appelés Kiptchaks ou Coumans, installé dans les steppes ukraino-russes au milieu du XIe siècle. Nous savons aussi qu'il existait, dès avant l'invasion mongole de 1236-1240 et l'établissement du « joug tatar », des groupes slaves autonomes vivant dans les steppes sous le nom de Brodniks – terme qui signifierait les « errants », ou les « passeurs ». Cette très vieille familiarité entre toute une frange des populations slaves et le monde de la steppe nous paraît être le substrat culturel qui favorisa le développement du phénomène cosaque.
Le nom de « cosaque », issu de la langue turque des Polovtses, fut appliqué dès le XIVe siècle à des groupes multinationaux de mercenaires employés, par exemple, par les colonies génoises de Crimée qui commerçaient avec les Tatars. Au XVe siècle, l'affaiblissement de la Horde d'Or, l'empire tatar d'Europe orientale, provoqua la prolifération de bandes « cosaques » vivant de brigandage ou louant leurs services aux grands-princes de Lituanie, en Ukraine, ou de Moscovie, dans les steppes russes ; les textes d'époque évoquent des « Cosaques tatars ». Dans la seconde moitié du XVe siècle, les éléments ethniques slaves ou du moins slavisés devinrent majoritaires au sein de cette population guerrière, qui commença à former des communautés permanentes. Les Cosaques d'Ukraine sont attestés à partir des années 1490, ceux du Don durent se constituer au début du XVe siècle. D'autres communautés apparurent ensuite sur la Volga, l'Oural, au Caucase...
Une « démocratie guerrière » originale
Ce qui caractérise vraiment les Cosaques, c'est leur modèle d'organisation. Ils formaient des sociétés de guerriers relativement ouvertes, où tout candidat pouvait, jusqu'au XVIIe ou XVIIIe siècle, être accueilli en fonction de critères variables selon les régions. L'organe dirigeant était l'assemblée – Rada « conseil » en Ukraine, Kroug « cercle » ailleurs – où chaque Cosaque pouvait s'exprimer. Les décisions étaient prises non à la majorité, mais au consensus – parfois après une rixe. Les réunions de cette assemblée avaient lieu à dates fixes une ou deux fois par an, mais aussi à la demande. Tous les chefs étaient élus et pouvaient être révoqués. Le dirigeant d'un groupe cosaque, quelle que soit sa taille, portait le titre d'ataman, ou otaman en ukrainien, vieux terme turc contenant la racine qui désigne le « père ». Il était assisté d'un état-major comprenant un secrétaire, un juge et différents officiers. Toutes les ressources – butin de guerre, soldes versées par les États, terrains de chasse, pâturages – étaient propriété collective et étaient redistribuées périodiquement par l'assemblée.
Ce modèle commun, assorti d'un système de valeurs qui exaltait le courage mais surtout la camaraderie et la fraternité d'armes, connut des évolutions différentes en Ukraine sous la domination lituanienne puis polonaise, et dans les communautés de la steppe russe.
Les Cosaques d'Ukraine : « Enregistrés » et « Zaporogues ».
Le développement de groupes cosaques en Ukraine fut encouragé, au XVIe siècle, par le pouvoir lituanien qui y voyait de précieux auxiliaires dans une zone sans cesse menacée par les incursions des Tatars de Crimée, les principaux héritiers de la Horde d'Or, vassaux de l'empire ottoman à partir de 1475. L'aristocratie ukrainienne fournit d'ailleurs dès l'origine de nombreux chefs aux Cosaques.
En 1569, lors de l'Union de Lublin, les territoires d'Ukraine centrale furent transférés au royaume de Pologne. Dans un contexte de tension croissante, à la fois sociale, nationale et religieuse, entre le pouvoir polonais et la population ukrainienne, les rapports entre l'État et les Cosaques devinrent difficiles. Les Polonais s'efforcèrent d'embrigader une partie des Cosaques, formés en régiments réguliers et inscrits dans un « Registre » : ce furent les « Cosaques Enregistrés », minorité privilégiée dont l'autonomie et l'immunité judiciaire étaient reconnues. Mais plusieurs dizaines de milliers d'autres Cosaques, qui ne bénéficiaient pas de ce statut, menaient une existence à peu près indépendante sur le Dniepr, à la limite des steppes. C'étaient les « Zaporogues », les Cosaques établis « au-delà des cataractes » – porohy – du fleuve, renommés comme fantassins et surtout comme marins. Leur capitale était la célèbre Sitch, établissement fortifié sur une île du Dniepr. Ils étaient un vivier de guerriers fort précieux à la Pologne – en cas de nécessité, le Registre était augmenté pour les accueillir –, mais dangereux en temps normal.
D'abord, l'agressivité permanente des Zaporogues envers les Tatars de Crimée et leur suzerain ottoman risquait sans cesse d'entraîner la Pologne dans une guerre. C'est surtout au début du XVIIe siècle que les Cosaques, sous la conduite de chefs de talent comme le célèbre Sahaïdatchny, organisèrent de grandes expéditions maritimes en mer Noire. Ils pillèrent et brûlèrent des ports criméens comme Caffa (Théodosie), un grand marché d'esclaves, mais aussi anatoliens, et en 1615, ils attaquèrent même les faubourgs de Constantinople. Ces exploits célébrés par les bardes cosaques, les kobzars, forçaient l'admiration de l'ennemi ; d'après le chroniqueur ottoman Nadjim, « Il est impossible de trouver sur cette terre des hommes plus audacieux et qui se soucient moins de la mort [...]. Leur habileté et leur intrépidité dans les combats navals en font des ennemis plus redoutables que tout autre. »
D'un autre côté, les Cosaques constituaient en cas de nécessité un renfort bienvenu pour l'armée polonaise ; en 1620, lors de l'invasion ottomane de la Pologne, ils contribuèrent de façon décisive à la victoire de Khotyn.
Mais les Cosaques étaient surtout un facteur de troubles internes. À plusieurs reprises, à la fin du XVIe et dans la première moitié du XVIIe siècle, ils se révoltèrent, parfois sous le prétexte de défendre l'orthodoxie contre le prosélytisme catholique des Polonais, et l'armée royale eut souvent du mal à les soumettre. Après une décennie de « Calme d'Or » suivant la répression particulièrement féroce du soulèvement de 1637, une nouvelle grande révolte éclata en 1648 sous la conduite de Bohdan Khmelnytsky et dégénéra en guerre de libération ukrainienne, marquée de part et d'autre par de terribles cruautés. Khmelnytsky fut élu hetman, titre porté par les généralissimes polonais et lituaniens, et qui n'a rien à voir avec celui d'ataman ; il fonda un véritable État cosaque en Ukraine mais ne put maintenir son indépendance. En 1654, il conclut avec le tsar de Moscovie l'accord de Péréïaslav, par lequel les Cosaques d'Ukraine, sauf les Zaporogues de la Sitch, passaient sous la juridiction moscovite.
Les communautés cosaques de la steppe russe
Aux confins méridionaux de la Moscovie, la plus grande communauté cosaque était celle du Don ; elle donna naissance à celles de la Volga, de l'Oural, et du Térek, au nord du Caucase. Toutes demeurèrent pratiquement indépendantes jusqu'au XVIIe siècle. Elles étaient, comme les Cosaques d'Ukraine en Pologne, à la fois des réservoirs de guerriers et des viviers de mécontents et de révoltés, d'autant qu'elles accueillaient volontiers les paysans en fuite. C'est pourquoi leur rôle dans l'histoire de la Moscovie des XVIe-XVIIe siècles est très contrasté. Ce sont des Cosaques qui, sous le fameux Iermak, entamèrent en 1582 la conquête de la Sibérie – il s'agissait à l'origine d'une opération de représailles commanditée par les marchands moscovites de l'Oural ! – et l'offrirent au tsar Ivan le Terrible. Ils furent par la suite le fer de lance de la colonisation russe de la région. Mais ce sont aussi des Cosaques qui contribuèrent aux désordres du « Temps des Troubles » des années 1600-1610 en soutenant divers prétendants au trône. La plus grande menace intérieure que connut ensuite la Moscovie fut la « révolution cosaque » de Stenka Razine, officier du Don en rupture avec l'État, qui dirigea un grand soulèvement dans les steppes russes en 1669-1671.
La « domestication » des Cosaques
Ce double aspect explique que la Moscovie et, plus encore, le nouvel empire russe fondé par Pierre Ier en 1721 aient voulu mettre la force cosaque à leur service exclusif. En Ukraine, l'« Hetmanat » fondé par Khmelnytsky ne survécut qu'un siècle à son union à la Moscovie. État autonome administré par la caste cosaque, foyer d'une culture baroque brillante, il vit ses libertés rognées progressivement, surtout après l'échec du soulèvement indépendantiste de l'hetman Mazepa qui s'était allié à la Suède (1708-09). Catherine II contraignit le dernier hetman à abdiquer (1764) et transforma l'Hetmanat en provinces russes de droit commun. La Sitch zaporogue d'Ukraine méridionale, demeurée pratiquement indépendante, fut détruite en 1775. Ces évènements marquèrent le début de la russification intensive de l'Ukraine centrale et orientale, privée de son cadre politico-militaire traditionnel. Le souvenir idéalisé de la période cosaque devint un mythe national, au service de « l'unité russe » comme dans le célèbre roman de Gogol Taras Boulba, ou d'un nouveau patriotisme ukrainien comme dans la poésie de Taras Chevtchenko (1814-61).
Les autres communautés cosaques survécurent et furent renforcées, et de nouvelles furent créées, mais elles étaient désormais vouées exclusivement au service de l'État. Les dernières grandes révoltes, comme celle de Pougatchov dans l'Oural (1772-1774) furent impitoyablement écrasées. Les Cosaques devinrent une caste militaire dont les membres, en échange de divers privilèges et d'une autonomie interne réduite, devaient un très long service militaire, généralement comme cavaliers légers. Ils étaient employés sans ménagement dans les guerres et on sait quel souvenir cuisant ils laissèrent aux envahisseurs français de 1812 ! Ils participèrent aussi à la colonisation des territoires conquis au Caucase et en Asie centrale, et même, à la fin du XIXe siècle, au maintien de l'ordre dans les villes.
La révolution et l'époque soviétique
À la veille de la révolution, il existait onze « armées » territoriales cosaques en Russie méridionale, de la mer Noire à l'océan Pacifique. Les plus grandes, celles du Don, du Kouban, de l'Oural, constituaient des sortes de micro-ethnies aux caractéristiques très affirmées. On considère habituellement que les Cosaques prirent en 1917 le parti des forces anti-bolchéviques « blanches » mais la réalité est plus complexe : d'une part, il y eut aussi des Cosaques chez les « Rouges » ; d'autre part, beaucoup d'entre eux tentèrent de restaurer sous une forme modernisée leurs anciennes libertés. Des États cosaques autonomes existèrent en 1917-20 dans les régions du Don et du Kouban, et différentes formules fédérales furent étudiées entre eux et avec d'autres groupes minoritaires de Russie méridionale.
En Ukraine, l'héritage cosaque inspira diverses forces politiques, des patriotes indépendantistes aux anarchistes du célèbre Makhno. L'Hetmanat fut même restauré brièvement et le général Skoropadsky proclamé hetman (avril-décembre 1918).
Sous le régime soviétique après 1920, le statut et l'autonomie cosaques furent supprimés et les Cosaques eux-mêmes, considérés comme classe privilégiée liée à l'ancien régime, subirent diverses vagues de répression. Ce n'est qu'en 1936, les menaces de guerre se précisant, que Staline recréa des régiments de cavalerie cosaque qui se distinguèrent ensuite en 1941-45. Mais beaucoup de Cosaques de souche, traumatisés par deux décennies de persécution, se rallièrent en 1941 aux Allemands. À la fin de la guerre, la Wehrmacht comptait un « corps de cavalerie cosaque » fort de six régiments ; ces hommes et les dizaines de milliers de civils qui les accompagnaient furent livrés en 1945 aux Soviétiques par les Britanniques auxquels ils s'étaient rendus et furent par la suite exterminés pour la plupart.
Après 1945, les régiments cosaques de l'armée soviétique furent dissous et l'histoire cosaque considérée comme définitivement close.
Renaissance et héritage
La chute du régime en 1991 a permis une vigoureuse résurgence des traditions cosaques, sous des formes différentes en Russie et en Ukraine. En Russie méridionale, les descendants des Cosaques ont réclamé – et dans une certaine mesure obtenu – la restauration de leur autonomie ancienne et leurs organisations ont un grand poids local, en particulier dans les régions du Don et du Kouban. Des unités cosaques ont été recréées dans l'armée russe. En Ukraine, le mouvement cosaque se veut une force patriotique non-partisane. Il est encore trop tôt pour discerner l'avenir possible de ces surgeons modernes du vieux phénomène cosaque, une fois retombé l'enthousiasme des années 1990.
Quoi qu'il advienne de cette renaissance controversée, cinq siècles d'aventure cosaque ont laissé leur empreinte sur l'Europe orientale et certaines parties de l'Asie. Et l'héritage culturel des Cosaques est considérable, des chants épiques célébrant leurs exploits et leurs malheurs aux églises baroques construites grâce au mécénat des hetmans d'Ukraine, sans compter les innombrables œuvres littéraires, musicales ou picturales qu'ils ont inspirées dans leurs pays et en Occident.
Cossack M. Grushko Londres, 1993 |
Les Cosaques. Une société guerrière entre libertés et pouvoir. Ukraine 1490-1790 Iaroslav Lebedynsky Errance, Paris, 2004 |
Les Cosaques P. Longworth Albin Michel, Paris, 1972 |
The Cossacks : An Illustrated History John Ure Overlook Press, 2002 |
DE LA COSAQUERIE UKRAINIENNE
<< Abraham Mintchine, Paysages... Parution du bulletin de Décembre... >>
9 décembre 2014
http://www.perspectives-ukrainiennes.org/article-maxime-deschanet-pierre-chevalier-desirait-rendre-publiques-tant-de-belles-actions-de-cosaques-125175967.html
Maxime Deschanet : Les Cosaques comme un phénomène historique unique
Rencontre avec Maxime Deschanet, doctorant à l'INALCO, auteur de la préface de « Histoire de la guerre des cosaques contre la Pologne »
Dans quel contexte historique et politique s'est développé la cosaquerie ukrainienne ?
La naissance des Cosaques ukrainiens fut la conséquence de la longue guerre entre sédentaires et nomades qui ruinaient les produits de la civilisation. C’est donc en temps qu’organisation d’auto-défense que cette classe de paysans-soldats se développa et prit, sous le nom de Cosaques, une part active dans l’Histoire ukrainienne.
Les Cosaques formèrent alors une nouvelle aristocratie pour la population ukrainienne, et devinrent ce qui est considéré comme un phénomène historique unique.
Les Cosaques n’existaient pas uniquement en Ukraine. Des conditions analogues créées par les risques d’attaques tatares engendrèrent, en Russie, la création de communautés similaires sur le Don, le Terek et le Iaik.
L’oppression sociale, introduite par la Pologne en Ukraine après l’Union de Lublin - digne d’un empire colonial selon Daniel Beauvois - servit les Cosaques en leur fournissant un nombre croissant de recrues, fuyant le servage et les taxes exorbitantes. La même chose se produisit en Moscovie. Les Cosaques étaient donc vus comme un refuge pour les mécontents en quête de liberté. De même, les historiens russes considèrent les Cosaques russes comme des éléments rebelles : bien qu’ils rendirent de grands services à la Moscovie, en conquérant et colonisant de vastes territoires dans l’Oural ou la Sibérie, les Cosaques russes étaient toujours en opposition avec le gouvernement qui les employaient ; et les conflits furent fréquents jusqu’à la révolte de Pugatchev, à la fin du XVIIIème siècle. Après cet événement, le gouvernement russe conquit totalement ses Cosaques et les transforma en des troupes soumises, mais toujours irrégulières.
Les Cosaques d’Ukraine connurent une évolution différente. Ils étaient en opposition constante avec le gouvernement polonais. Mais l’Ukraine était gouvernée par des étrangers et l’opposition n’était pas seulement sociale : elle avait également des caractères politique, national et religieux. C’est pour cela que le rôle joué par les Cosaques en Ukraine fut dissemblable de celui en Russie.
Que sait-on de Pierre Chevalier et dans quel but a-t-il écrit l’Histoire de la guerre des Cosaques ?
Les biographes, comme les bibliographes, sont complètement muets sur Pierre Chevalier et nous n'avons d'autres renseignements que ceux qu'il nous a donnés lui-même : à savoir, qu'il a voyagé en Pologne dans les années 1640 (il semble d’ailleurs parler polonais, car toutes les villes sont nommées avec l’orthographe polonaise correcte de l’époque), qu'il a été secrétaire de l'ambassade de France à Varsovie en 1648 et qu'il a commandé un régiment de 2000 Cosaques engagés dans les armées françaises, avant de siéger à la Cour des Monnaies. Selon ses propres dires, Chevalier a rédigé son ouvrage car "estant informé du peu de commerce que nous avons avec les Cosaques et les Tartares, qui sont gens d'ailleurs à ne pas autrement occuper à escrire leurs Histoires, ne trouvoit pas estrange que l'on en ait dit si peu de chose" ; il désirait ainsi "rendre publiques tant de belles actions, qu'ils se sont contentés de faire seulement, sans prendre aucun soin de les transmettre à la postérité, ou de les débiter aux autres nations".
Quel portrait Pierre Chevalier dresse-t-il de Bohdan Khmelnytsky ? Et plus généralement comment considère-t-il les cosaques ?
L’opinion de Pierre Chevalier sur les Cosaques n’est pas très cohérent : en dépit de sa prétention d’être l’historien des Cosaques ukrainiens et sa probable admiration envers Bohdan Khmelnitski, qu’il appelle le « Cromwell de l’Est ; ambitieux, brave et courageux comme celui d’Angleterre », il est très critique envers ces derniers et les considère comme rebelles. Cela peut se justifier par plusieurs raisons.
Tout d’abord, Pierre Chevalier est un noble et un catholique, ce qui créé une solidarité de classe et de religion entre l’auteur et la noblesse polonaise. Donc il lui était impossible de soutenir une révolution nationale et sociale comme celle de 1648.
Néanmoins, Chevalier ne pouvait passer sous silence les injustices imposées par l’impérialisme polonais aux Ukrainiens, en particulier le servage : « Les paysans de l’Ukraine et des provinces voisines sont comme des esclaves […] étant obligés de travailler trois ou quatre jours de la semaine pour leurs seigneurs, soit avec leurs chevaux ou de leurs bras… ». En conséquence, l’auteur justifie les révoltes : « Il ne faut pas s’étonner de leurs fréquentes révoltes, et si dans les dernières guerres ils ont disputé et défendu leur liberté avec tant d’opiniâtreté ; mais ce rude esclavage a faire éclore tous ces braves Cosaques Zaporogues, dont le nombre s’est fort accru depuis quelques années par le désespoir […] en les contraignant d’aller chercher leur liberté et la fin de leurs misères parmi les autres ».
Comment expliquez-vous que dans la seconde partie du XVIIe siècle, la France manifestait un certain intérêt pour l'Ukraine ?
Le phénomène des Cosaques, défenseurs et combattants de la liberté, était attrayant pour les Français et l’Europe occidentale en général, et nombreux ont été fascinés par ces protecteurs de la foi, par leur justice sociale et leur ordre démocratique exemplaire. Cependant cet intérêt ne date pas de la seconde moitié du XVIIème siècle. Selon Arkady Joukovsky, dès 1531- date de la première mention des Cosaques en France - les informations et les rapports les concernant se sont multipliés et saluaient la nouvelle force chrétienne contre les infidèles, suite aux opérations maritimes que les Cosaques entreprirent au début du XVIIème siècle en Mer Noire où, grâce à de petits navires nommés Chaïkas (littéralement « mouette » en Ukrainien) les Cosaques défiaient le puissant Empire ottoman, encore très puissant à l’époque.
Quel regards les historiens ukrainiens portent-t-ils sur l'Histoire de la guerre des Cosaques ?
La première étude entièrement consacrée à l'Ukraine faite par un Français, qui plus est ayant vécu dix-sept ans sur place, fut la monographie de Guillaume Le Vasseur de Beauplan, Description d'Ukranie (réédité par L’Harmattan en 2002). Son ouvrage a eu un succès exceptionnel. Outre quatre éditions, pendant la vie de l'auteur - 1651, 1660, 1661 et 1673 -, il fut également publié aux XIXème et XXème siècles, traduit dans plusieurs langues et servit même à Nikolaï Gogol pour son roman Tarass Boulba.
L’Histoire de la guerre des Cosaques, parut douze ans après la Description d’Ukranie, a largement été occultée par cette dernière, comme le montre le nombre d'éditions (3 contre 8 pour les éditions françaises, toutes époques confondues), et fut même ignorée par certains historiens, dont le grand historien ukrainien Mykhailo Hrushevsky. Une critique injuste sur l'Histoire de la Guerre des Cosaques contre la Pologne est qu'il s'agirait d'une simple compilation des ouvrages de Beauplan et de Pastorius. Les deux premiers chapitres (Les "Discours") seraient une reproduction de l’œuvre de Beauplan, tandis que les deux derniers, sur la guerre des Cosaques, seraient issus de Pastorius. Pastorius étant un écrivain polonais qui, en 1652, a écrit sa version de la guerre des Cosaques, en s'arrêtant à la paix de Bila Cerkva de 1651. Or, Chevalier, qui écrit en 1663, termine également son ouvrage en 1651, alors que la guerre n'était pas terminée.
Néanmoins, il faut reconnaitre que, sur le plan historique, l’Histoire de la guerre des Cosaques dépasse de loin la Description d’Ukranie. En effet, Pierre Chevalier a tout de même fait un véritable travail d’historien car il s’est appuyé sur des sources, et parfois même trop. En effet, le Discours des Tatars Précopites est très proche des écrits de Beauplan sur ces mêmes Tatars, ce qui fait que l’ouvrage de Chevalier fut souvent considéré comme une reprise de l’ouvrage de Beauplan. Mais, pour toutes les raisons évoquées plus haut, on peut affirmer que, sur le plan historique, l’ouvrage de Chevalier dépasse de loin celui de Beauplan et représente un véritable travail d’historien, selon les critères du XVIIème siècle. Et pour cela il faut vraiment promouvoir son utilisation comme source sur le soulèvement de Khmenitski, connu dans l’historiographie ukrainienne comme « Guerre de libération du peuple ukrainien". L’ouvrage de Pierre Chevalier a été actualisé en Ukraine, grâce à plusieurs travaux, dont la traduction ukrainienne réalisée sous les auspices de O.Bevzo et A.Baraboj, à l’Institut d’Histoire de l’Académie de Kyïv, en 1960, ainsi que les travaux plus récents de E.Lunyak parus en 2011 dans le Journal historico-archéologique de Soumy, « Les travaux de Pierre Chevalier : une première étude de la révolte de Khmelnitski en France ».
Propos recueillis par Frédéric du Hauvel
Nous sommes entrés en contact avec monsieur Théo Rodine, dont le père embarqua sur le RION et fit, en conséquence, si l’on ose dire, une escale à Ajaccio en 1921.
Monsieur Théo Rodine est né à Paris en 1932, et nous dit avoir toujours gardé en lui la fierté de ses origines, celle de ses ancêtres, les cosaques du Don.
Mon père, dit-il, « qui est né le 14 novembre 1890, m'a, depuis ma naissance, inculqué non seulement la foi orthodoxe et l'âme russe, mais aussi la cosaquerie ». Il poursuit : « Malgré le temps qui s'effiloche, mon éthique n'a jamais changé d'un iota. Pour moi, la cosaquerie, a toujours été, une grande famille indivisible. C'est ainsi que je le conçois ».
Théo RODINE aurait voulu transmettre à ses descendants un arbre généalogique leur permettant de cultiver un devoir de mémoire. Hélas, comme pour tant d’autres, tout ce qui a précédé la guerre civile s’est perdu, ne laissant en héritage qu’un « trou noir ».
Il s’attache à rédiger un livre consacré aux Varègues, peuple qu’il considère comme étant à l’origine de la présence Cosaque en Russie. D’autres auteurs ont une approche différente quant à l’origine des Cosaques.
Ci- dessous : un document émouvant, attestant du passage à Ajaccio du père de monsieur Théo Rodine.
Nous avons en outre reçu de monsieur Théo Rodine ses meilleurs voeux pour la fête de Pâques, accompagnés de cette belle image, représentant son père. (voir ci-dessous)
Christ est ressuscité.
A l'occasion des Pâques orthodoxes, j'adresse à tous les descendants du Rion, ainsi qu'à leur descendance encore de ce monde sur leur terre d’accueil tous mes meilleurs vœux de bonheur.
Je vous embrasse, tous autant que vous êtes.
Fiodor Filipovitch Rodine (théo Rodine)
Son ouvrage comporte 5 volumes et près d'un millier de pages.
Son désir le plus ardent est de le faire éditer.
Dans l'attente, nous songeons à en retranscrire quelques pages sur notre site.