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La cathédrale de l'Assomption d'Omsk


La cathédrale de l'Assomption d'Omsk

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LA CATHÉDRALE DE L’ASSOMPTION D’OMSK

Par Russie Francophone  29/10/2014 
 
 
Construite au XIXème siècle par l’un des architectes les plus en vue de Saint-Pétersbourg, interdite de culte lors de la révolution bolchévique, haut lieu de rassemblement des russes blancs puis finalement détruite en 1935 par le Gouvernement communiste, la Cathédrale est cependant reconstruite sur le modèle exact de sa prédécesseure en 2007. Oui, en Russie, au XXIème siècle, on construit encore des églises gigantesques ! Fierté populaire, mémoire collective et affirmation de la prospérité de la ville font de la Cathédrale de l’Assomption le symbole historique, culturel et social de l’oblast d’Omsk.
 
 
Une histoire qui commence aux prémisses de l’ère industrielle

 
A la fin du XIXème, la population d’Omsk augmente de manière considérable avec l’arrivée du transsibérien et le développement de l’agriculture et de l’industrie ; le clergé de l’Oblast se voit dans la nécessité d’élargir l’ancienne Cathédrale de la Résurrection, devenue trop petite pour accueillir tous les paroissiens et les congrégations de la ville. Selon la légende urbaine, l’idée de construire une toute nouvelle cathédrale aurait été soufflée directement par le futur Empereur Nicolas Il qui, d’ailleurs, assiste en juillet 1891 à la pose de sa première pierre.

Du Nationalisme romantique

Le clergé fait appel à l’architecte ukrainien Ernest Wurrich (1860 ; Odessa – après 1949), ayant déjà à son actif de nombreuses constructions au sein de la belle Pétersbourg. Ce dernier, à la pointe de la modernité, base son projet sur le modèle architectural de la Cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé dont le gigantesque chantier commence en 1883.
Comme partout en Europe, la fin du XIXème siècle met à l’honneur les sources nationales et rejette les styles internationaux et stéréotypés que sont le néoclassicisme et le baroque tardif. C’est à l’architecture russe médiévale, ses couleurs lumineuses et ses formes généreuses, que se réfère la Cathédrale d’Omsk. Comme la cathédrale médiévale Saint Basile de Moscou (construite en 1555), la Cathédrale de l’Assomption est bâtie de briques rouges, directement importées de Nijni-Novgorod et de plâtre blanc ; son intérieur est décoré de fresques et d’ornement en stuc. Neuf cloches sont hissées dans les coupoles à bulbe et trois autels sont consacrés (l’autel central au nom de la Vierge Marie et les deux latéraux au nom de SaintThomas le Thaumaturge et Marie-Madeleine) par l’Evêque Grégoire le9 septembre 1898.

Entre l’armée rouge et les russes blancs
 
Avec la Révolution Bolchévique, la Russie fait face à de forts mouvements anticléricaux et dès février 1918 est adopté dans toute la Russie le décret de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat. La date marque également le début des persécutions et des arrestations des prêtres par les soldats de l’Armée rouge.
Si dès 1918, la Cathédrale est fermée aux paroissiens, entre 1919 et 1920 (période où l’oblast d’Omsk est aux mains des Russes blancs) l’Eglise rénovationniste est alors autorisée et la cathédrale reprend vie pour quelques mois sous l’autorité de l’archevêque Sylvestre. Dès 1922 l’Eglise est de nouveau fermée et désertée.
 
Les années 30 et la sécularisation
 
En 1933, les neufs cloches de la Cathédrale sont enlevées pour être fondues en vue de l’industrialisation de la ville. Après de nombreuses tergiversations sur de possibles transformations séculaires (opéra, théâtre…), la décision est prise le 17 février 1935 de tout simplement dynamiter la Cathédrale. Il est désormais temps d’effacer les traces de l’ancien symbole religieux et de le remplacer par des symboles populaires. On aménage alors le « Jardin des pionniers », un étang ornemental et une fontaine ainsi que le monument au cerf. La place devient un lieu de détente et de rencontre pour le peuple.
 
Le XXIème siècle et le retour de la prospérité
 
A partir des années 1990, malgré la crise économique et sociale qui affecte le pays entier, un sentiment de ferveur régionale envahit la ville et sont crées la Fête de la ville, le Marathon annuel, la Fête des fleurs… Avec le retour de la prospérité, émerge alors l’idée de reconstruire l’ancienne Cathédrale de l’Assomption comme monument historique et culturel de la ville.
C’est le 14 octobre 2005, lors de la plus importante fête religieuse de l’Eglise orthodoxe L’intercession de la Mère de Dieu, que la première pierre de la cathédrale restaurée est posée. Le 6 janvier 2007, la veille de Noël, les treize cloches ont sonné pour la première fois sur le clocher de la nouvelle Cathédrale. Et le 15 juillet de la même année, sa consécration solennelle donne lieu à une gigantesque fête sur la toute nouvelle Place de la Cathédrale, offrant aux citadins un concert composé de plus de huit cents artistes venus de toute la Russie et un sensationnel feu d’artifice.
 
Fouilles archéologiques et reconstruction
 
La Cathédrale a été reconstruite d’après des photographies et des documents d’archives de l’ancienne cathédrale et tous les détails architecturauxd’origine ont été reproduits à l’identique (hauteur de la cathédrale jusqu’à la cloche : 44m ; hauteur de la Croix : 3m ; diamètre de la coupole : 15m).
Avant la reconstruction, des fouilles archéologiques ont été menées sur l’ancien site et sur les vestiges de l’ancienne cathédrale auraient été découverte la sépulture de l’archevêque Sylvestre, martyrisé en 1922 par les bolchéviques. Depuis 2009, les reliques de Saint Sylvestre sont disposées dans un reliquaire au sein de la Cathédrale et disponibles au culte.
L’iconostase et toutes les icones ont été réalisées dans les ateliers d’Ekaterinbourg (notons qu’il ne reste aucune trace des icones originales de l’époque).

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Historienne de l’art, passionnée par la peinture russe et en voyage d’étude en Sibérie pour quelques mois, je crée ce blog afin de partager mes découvertes sur la culture sibérienne !

Marion SAILHEN