kalinka-machja CERCLE CULTUREL ET HISTORIQUE CORSE-RUSSIE-UKRAINE

Sylvain TESSON et la Russie


BEREZINA
Ne résistons pas au plaisir de citer un extrait de l'ouvrage :

" [...)  Ô,  nous aimions ces Russes. Chez nous, l'opinion commune les méprisait. La presse les tenait,  au mieux,  pour des brutes à cheveux plats, incapables d'apprécier les mœurs aimables des peuplades du Caucase ou les subtilités de la social- démocratie et, au pire, pour un ramassis de Semi-Asiates aux yeux bleus méritant amplement  la brutalité des satrapes sous le joug desquels ils s'alcoolisaient au cognac arménien pendant que leurs femmes rêvaient de tapiner à Nice.
Ils sortaient de soixante dix ans de joug soviétique. Ils avaient subi dix années d'anarchie eltsinienne. Aujourd'hui, ils se revanchaient du siècle rouge, revenaient à grands pas sur l'échiquier mondial. Ils disaient des choses que nous jugions affreuses : ils étaient fiers de leur histoire, ils se sentaient pousser des idées patriotiques, ils plébiscitaient leur président, souhaitaient résister à l'hégémonie de l'OTAN et opposaient l'idée de l'eurasisme aux effets très sensibles de l'euro-atlantisme. En outre ils ne pensaient pas que la Russie avait vocation à s'impatroniser dans les marches de l'ex-URSS " […]
 
 
____________________________________________
 


http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD-LOISIRS/Albums-hors-serie/Berezina
 
THOMAS GOISQUE  , SYLVAIN TESSON

Berezina

Photographies de Thomas Goisque
Albums hors série, Gallimard Loisirs
Parution : 03-10-2016
Moscou-Paris en side-car : une folle épopée de 4 000 km sur les traces de Napoléon...

 
Octobre 1812, Napoléon entre dans Moscou. Les Russes ont mis le feu à la ville, bientôt elle sera réduite à un tas de cendres. L'Empereur tergiverse, se décide à rebrousser chemin. Il donne le coup d'envoi de la Retraite de Russie, une page d'Histoire passée à la légende pour la somme de ses souffrances et de ses actes héroïques.
Deux cents ans plus tard, Sylvain Tesson, accompagné de quatre amis, décide de répéter l'itinéraire de la Retraite. Juchés sur des side-cars russes de marque Oural, ils rallieront Paris depuis Moscou, guidés par les récits des spectres de 1812. Quatre mille kilomètres à la mémoire des soldats de la Grande Armée. Une équipée sauvage pour saluer les fantômes de l'Histoire, à travers les plaines blanches.

Cette édition du récit de Sylvain Tesson est illustrée de près de 100 photographies inédites rapportées par Thomas Goisque et immortalisant les moments-clés du périple.

 
____________________________________________
 
 
https://www.editionspaulsen.com/berezina.html
 
BEREZINA - Sylvain Tesson

L'hiver, l’aventure, l’histoire, la Russie, l’alcool...
Des fulgurances littéraires sur fond d’histoire et d’autodérision, Sylvain Tesson signe un grand texte.
Le lecteur, embarqué dans cette effraction du temps, enjambe les siècles, dans une épopée carnavalesque et réjouissante.

 
 
____________________________________________
 


https://www.babelio.com/livres/Tesson-Berezina/673591
 
Sylvain Tesson Thomas Goisque
EAN : 9782070466771
224 pages
Éditeur : GALLIMARD  (10/03/2016)
 
Résumé :

«Il y a deux siècles, des mecs rêvaient d’autre chose que du haut-débit. Ils étaient prêts à mourir pour voir scintiller les bulbes de Moscou.»

Tout commence en 2012 : Sylvain Tesson décide de commémorer à sa façon le bicentenaire de la retraite de Russie. Refaire avec ses amis le périple de la Grande Armée, en side-car! De Moscou aux Invalides, plus de quatre mille kilomètres d'aventures attendent ces grognards contemporains.

«Une épopée livresque, diablement tonique, rebelle à mort.»
Christophe Ono-dit-Biot, Le Point

Elu «meilleur livre de voyage 2015» par le magazine Lire
Prix des Hussards 2105
Prix littéraire de l'Armée de Terre - Erwan Bergot 2015
 
Commentaires
 
 
   26 janvier 2015
 
Avec Sylvain Tesson, chez moi, c'est haine et passion.
Il a, d'abord une fâcheuse tendance à m'énerver de par son orgueil, sa façon de balancer son savoir littéraire, ses leçons de géographie et d'histoire (qui ne nous apprennent rien de plus que d'autres manuels), et son faux côté cool dans les moments difficiles.
Et, j'oubliais ses aphorismes à deux balles qui nous sont envoyés, certainement pendant une intraveineuse de vodka.
Et puis, il y a cet autre côté du personnage de Tesson, qui m'aimante et qui me pousse à l'admiration. C'est un type "no limit", un électron libre, un casse cou, un forcené aux pieds d'argile; un peu comme le pays qu'il arpente depuis des années : la Russie.
Pour Tesson, tout est à explorer chez ce voisin Slave, et le territoire et l'âme. Il est un amoureux indéfectible de cet Empire qui a vu naître Tolstoï  et Dostoïevski.Il baigne, là bas dans une Vodka de bonheur, quitte à s'y noyer. Parce que Monsieur Tesson veut toujours explorer cette Russie, jusqu'à la mort s'il le faut. C'est un suicidaire qui n'a de comptes à rendre à personne.
Entre cette haine et cette passion que je rumine, j'ai donc attaqué ce énième récit de cette figure de proue de la littérature voyageuse française. Je m'y suis engouffré :
- pour suivre l'épopée Napoléonienne en Russie?
- pour suivre les nouvelles aventures de ce post-adolescent, fils à papa de Tesson?
- pour vivre jalousement son périple que je ne serais pas en mesure de faire?
...
Le livre, je l'ai fermé avec les mêmes questions qu'avant. J'ai envie de débiner ce géographe (comme moi), comme j'ai envie de l'encenser. Je n'arrive plus à prendre du recul.
Mais, c'est sûr, son prochain livre, je le lirai.

 
 
 
   25 juin 2018
Il y a ceux qui reconstituent les batailles de l'Empereur avec des soldats de plomb. Et puis il y a Sylvain Tesson  qui à bord d'une Oural, aux mêmes dates, nous fait suivre la route empruntée par la grande armée.
L'auteur nous emmène sur son side-car et nous fait découvrir à l'aide de nombreux documents, le trajet suivi pour revenir en France, la description des lieux et les réflexions qu'imposent le retour sur ces hauts lieux chargés d'histoire sont émouvants, tant de détresse, de souffrances humaines et animales. Sylvain Tesson  cherche d'une certaine façon des raisons pour cette guerre, ces hommes qui suivaient l'Empereur de campagnes en campagnes. A la page 203, il nous dit : " L'Empereur avait réussi une entreprise de propagande exceptionnelle. Il avait imposé son rêve par le verbe. Sa vision s'était incarnée. La France,l'Empire et lui-même étaient devenus l'objet d'un désir, d'un fantasme. Il avait réussi à étourdir les hommes, à les enthousiasmer, puis à les associer tous à son projet : du plus modeste des conscrits au mieux né des aristocrates." Les français avaient fait un rêve qui s'achevait avec la Bérézina.
C'est un livre que j'ai énormément apprécié pour les connaissances qu'il m'a apporté et puis qui n'aurait pas envie de faire la route sur une Oural cheveux aux vents sur les traces de l'auteur. Je me dois aussi de remercier Nadiouchka, une e amie, sans ses critiques de Sylvain Tesson, je n'aurais peut-être pas rencontré cet auteur auquel je laisse le mot de la fin :
"Qui était Napoléon ? Un rêveur éveillé qui avait cru que la vie ne suffisait pas. Qu'était l'histoire ? Un rêve effacé, d'aucune utilité pour notre présent trop petit."
 
 
   16 octobre 2015
C'est après avoir déposé ce livre chez son éditeur que Sylvain Tesson  a eu son accident stupide dont il est miraculeusement ressorti mais non sans séquelles. C'est avec impatience que j'attends ses écrits de l'après car je pense que cet accident l'aura mûri. J'entame la lecture de Berezinabérézina, une expression commune mais j'avoue connaître moins les faits historiques qui en ont fait un nom commun tout en n'ignorant pas cette guerre menée par Napoléon en Russie. Une chose qui m'a étonnée est qu'il n'ait fallu que treize jours pour couvrir la distance de Moscou à Paris. Sylvain Tesson, Goisque, Gras et deux Russes embarquent à bord de side-cars Oural, marque Russe, et entreprennent plus ou moins le même itinéraire qu'a suivi Napoléon deux cents ans plus tôt, Napoléon en décembre 1812 et l'équipe de Sylvain Tesson  en décembre 2012. Un voyage éprouvant, il neige et les températures sont négatives tout comme deux cent ans auparavant à la différence que Sylvain et ses amis ont le gîte assuré tous les soirs, la chaleur d'un lit et la vodka pour déconner entre amis. Les narrations de l'époque Napoléonienne et le présent se suivent dans un même chapitre, ceux-ci étant titrés suivant les énièmes jours du voyage. de la campagne Napoléonienne, les faits que racontent Sylvain Tesson  sont crus, la réalité dépasse l'imagination, il faut avoir le coeur bien accroché mais toutes les guerres sont cruelles et la cruauté est le propre de l'homme.
J'ai apprécié Berezina  comme tous les livres que j'ai lu de Sylvain Tesson  ; en attente du suivant.
 
 
 
   07 avril 2015
Sylvain Tesson, grand voyageur amateur de vodka et russophile de longue date, a choisi, pour son nouveau périple, de nous conduire à bord de son side-car, une Oural, sur les traces de Napoléon Bonaparte  et de la Grande Armée au moment où celle-ci, après s'être trop enfoncée dans les terres russes, se voit contrainte de rebrousser chemin face à un ennemi absent, une terre hostile et un froid de plus en plus mordant.
C'est accompagné de Julien Gras, autre voyageur de renom, du photographe Thomas Goisque  et de deux compères russes, que l'expédition se met en route au départ de Moscou, direction Paris, réalisant en deux semaines un trajet que l'Empereur et son Armée auront mis deux mois à faire.
Au fil de son périple, Sylvain Tesson  nous replonge en pleine campagne napoléonienne, faisant sans cesse des sauts entre 2012 et 1812, raccordant ainsi les étapes de son parcours à la grande Histoire et agrémentant celle-ci d'anecdotes et d'explications pour le moins intéressantes. Malheureusement, si toute la partie sur Napoléon, ses troupes et la débâcle m'a véritablement passionnée (mes connaissances en histoire étant plutôt limitées…), je dois dire que je n'ai pas ressenti le même intérêt pour le voyage de l'auteur…
Je trouvais pourtant l'idée de départ géniale et l'aventure tout à fait exaltante, mais la façon dont Sylvain Tesson  se met en scène et la répétition de ses mésaventures ont fini par me lasser. On a finalement assez peu d'informations sur le visage, 200 ans après, des pays qu'il traverse et sur les rencontres qu'il va faire. Ce sont elles aussi qui rendent le récit de voyage vivant et enrichissant, or je trouve qu'elles manquent au texte… le style, cependant, est encore une fois très littéraire, travaillé et agréable à lire. L'humour, un brin grinçant, reste également très présent et permet d'alléger la lecture.
Finalement, le mélange récit de voyage/ récit historique s'avère un peu décevant car difficile à doser, mais, point positif, « Berezina  » me donne envie de combler mes lacunes et de me plonger dans un ouvrage entièrement consacré à Napoléon !

 
 
 
   10 novembre 2019
La relation entre signifiant et signifié fait naître des locutions cocasses. Par exemple ce « motocyclette à panier adjacent » a un côté pratique et descriptif, à la limite du mignon. Je vois déjà une vieille mémé au guidon de sa mopette, fichu sur la tête, se rendant au marché; le « panier adjacent » ne serait pas autre chose que son panier de courses accroché à l'épaule. La définition réelle de cette locution est bien différente puisqu'il s'agit d'un rutilant side-car prêt à avaler les kilomètres de bitume pour le plaisir de deux personnes, l'une étant aux commandes tandis que l'autre à la place du mort – dans le panier.
C'est ainsi que Sylvain Tesson  a relié Moscou à Paris en motocyclette à panier adjacent en empruntant le même chemin que pris Napoléon lors de sa Retraite de Russie en 1812. Cela donne le livre Berezina. Analyse.
Le titre du livre est bien évidemment celui de la bataille épique qui opposa l'empire français au russe sur les rives de la rivière Berezina. La débâcle qui suivi est entrée dans le jargon populaire. C'est la Berezina ! Qui d'autre que Sylvain Tesson  pour nous conter cette histoire à cheval sur la culture russe et française. Ce dandy franchouillard. Cet amoureux de l'âme slave. Ce casse-cou un brin réactionnaire jamais à court d'aphorismes:
« En Russie, l'art du toast a permis de s'épargner la psychanalyse. Quand on peut vider son sac en public, on n'a pas besoin de consulter un freudien mutique, allongé sur un divan. »
Au niveau purement historique, l'auteur français nous apprend qu'une des raisons clés, qui a transformé cette Retraite de Russie en débandade, est le mépris avec lequel Napoléon traitait la météorologie, croyant plus en sa destinée qu'aux lois rugueuses de l'hiver. Il avait beau être un fin stratège, c'est finalement une trop haute estime de lui-même qui entraînera sa chute.
Sylvain Tesson, en coupant le moteur de son side-car Oural dans des endroits stratégiques de l'ancien bloc de l'Est rend non seulement hommage à Napoléon et Koutouzof, ainsi qu'aux centaines de milliers d'hommes morts sur les champs de bataille mais aussi au nombre incalculable de chevaux morts, dépecés, mangés, dont la peau a été utilisée comme vêtements de secours. Ainsi la peinture de Bernard-Edouard Swebach, sobrement intitulée Retraite de Russie, donne une représentation de l'atmosphère générale même si elle ne va pas aussi loin que Tesson dans la description de cette boucherie équine:
« Ils furent les grands martyrs de la Retraite. On les creva sous les charges, on les écorcha vifs, on les bouffa tout crus, à même la carcasse ou bien en quartiers, braisés au bout d'un sabre. Pour les bâfrer, on ne prenait pas l'égard de se détourner des bêtes encore vivantes. »
Au delà de nous conter certaines facettes de l'Histoire, Sylvain Tesson  nous livre le récit de son voyage sur les routes de l'Europe de l'Est où il se gèle les miches toute la journée sur son side-car en compagnie d'une poignée d'acolytes eux aussi motorisés. Cela se termine chaque soir, dans un bistro paumé où la joyeuse bande d'adolescents se verse des rasades de vodka jusqu'à plus soif comme dans un film d'Andreï Zviaguintsev. Cela refait le monde à chaque toast, cela se chamaille comme une bande de bons potes et ça décuve, le lendemain, sur les routes de l'Europe de l'Est en espérant que les motocyclettes à panier adjacent ne tombent pas en panne jusqu'à la prochaine étape.
Avec BerezinaSylvain Tesson  nous plonge avec brio dans les détails de cette désastreuse Retraite de Russie où s'est joué le début de la fin pour Napoléon. Grâce à ses digressions personnelles sur le paysage et la géographie de ces mille-quatre-cents kilomètres, l'auteur français (géographe de formation si je ne m'abuse) a réussi à me donner envie d'en savoir plus, non seulement sur ce pan de l'Histoire napoléonienne mais aussi sur ces pays que sont la Biélorussie et la Pologne.