kalinka-machja CERCLE CULTUREL ET HISTORIQUE CORSE-RUSSIE-UKRAINE

Août 2008 : mort d'Alexandre SOLJENITSYNE.


SOLJENITSYNE fut un pourfendeur implacable et déterminé de l'idéologie totalitaire soviétique. Il ne fut guère plus tendre il est vrai, envers la démocratie américaine, considérée par lui comme un "bazar commercial" peu digne de respect.
Par delà les panégyriques et les dithyrambes dont on le gratifie actuellement, une petite restriction s'impose : l'immense Alexandre Issaïevitch cultiva lui-même dans la seconde partie de son existence, une sorte d'idéologie mystique "Grand Russe - Vieux Croyant" non dépourvue d'ambiguïtés.
Il demeurera cependant celui qui dénonça avec courage et obstination l'horreur concentrationnaire, celui qui sut éveiller les consciences humaines face à l'arbitraire et la terreur stalinienne, celui qui sut évoquer aussi, avec passion mais avec justesse, la profondeur et la complexité de l'âme russe.
Sans atteindre le talent de l'emblématique Pouchkine, l'envergure épique de Tolstoï, ou la dimension éthique de Dostoïevski, il a toute sa place dans le panthéon des grands écrivains russes.
Il restera un témoin capital de l'univers du goulag, qu'il sut décrire avec réalisme et minutie. Mais il fut aussi un historien messianique, soucieux de laisser à la postérité, avec "La roue rouge", une fresque monumentale consacrée à l'évolution contemporaine de son pays.
«Toute révolution déchaîne les instincts de la plus élémentaire barbarie» déclara-t-il un jour. Nous retiendrons de lui ce jugement qui peut paraître excessif, mais qui reflète bien son humanisme éclairé, et nous le compléterons en ajoutant simplement qu'il en va de même de toute idéologie exacerbée.


 

Jean Maiboroda