1914-1918. Incidences croisées de la guerre en Corse et en Russie.


L'arrivée de Russes en Corse en 1921 peut s'analyser comme l'une des conséquences indirectes de la 1ère guerre mondiale en ce sens  que celle-ci  a  contribué à  la chute du tsarisme et facilité l'instauration du régime bolchevique.
Il est d'autre part à noter que  l'accueil des migrants russes en Corse a été relativement facilité par le nombre élevé de  Corses  "morts pour la France" lors d'un conflit qui avait provoqué un saignée dans la population locale et  "impacté"  l'économie traditionnelle locale.
Les articles  ou références qui suivent permettront à nos lecteurs  d'en juger .
J.M

 


https://www.belin-editeur.com/une-ile-dans-la-guerre#anchor1
 
Une île dans la guerre
Auteur :  Jean-Paul Pellegrinetti
Editeur :  Belin
COLLECTION :   Collection Histoire
Date de parution : 18/03/2020
 
 
Les Corses, entre insularité et pacte républicain
 
La Corse, bien que loin des lignes de front, est l’un des départements les plus touchés par la Grande Guerre : pour près de 52 800 soldats mobilisés, le nombre de morts atteint 11 000 hommes. L’île connaît l’un des premiers taux de « morts pour la France ». Comment les soldats corses ont-ils vécu la mobilisation en masse de l’été 1914 ? Comment ont-ils concilié l’attachement à leur « petite patrie » et leur engagement dans la guerre ?
Jean-Paul Pellegrinetti, historien de la Corse contemporaine, propose, pour la première fois, une analyse aussi précise que vivace des sentiments et du quotidien des soldats. À rebours d’une histoire surplombante, il se place au plus proche de ces hommes. Son ouvrage repose sur une collection de près de 10 000 documents privés, constituée des correspondances de plus de 120 poilus insulaires de toutes conditions.
 
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https://www.decitre.fr/livres/une-ile-dans-la-guerre-9782701199030.html
À propos de l'auteur
Biographie de Jean-Paul Pellegrinetti
 
Jean-Paul Pellegrinetti est professeur en histoire contemporaine à l'université Côte d'Azur de Nice et directeur du Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine (CMMC). Spécialiste de l'histoire de la Corse des XIXe-XXe siècles, il est également directeur de publication des Cahiers de la Méditerranée et des Etudes corses. Il est membre du Comité d'Histoire Parlementaire et Politique (CHPP) et a été coordinateur (2012-2016) d'un projet ANR sur "Identités et cultures en Méditerranée.[..]


 
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https://www.corsenetinfos.corsica/Qui-sont-les-soldats-de-Corse-morts-pour-la-France-durant-la-Premiere-Guerre-Mondiale_a24224.html
 
Qui sont les soldats de Corse morts pour la France durant la Première Guerre Mondiale ?
 

Charles Monti  le Jeudi 8 Novembre 2018.
 
Ces 11 395 Poilus (et civils), Corses de sang ou de sol, sont morts durant la Première Guerre Mondiale, reconnus "Mort pour la France" et/ou figurant sur un Monument aux Morts en Corse. Si l'on rajoute les 145 qui ne répondent pas à ces 2 critères on obtient un total de 11 540 tués. Dans sa Cronica di a Corsica Orsu Ghjuvanni Caporossi a réalisé un travail considérable avec l'aide du site du ministère de la Défense, les archives départementales de la Corse-du-Sud, du site http://www.memorialgenweb.org/ et de l'ouvrage "Du deuil à la mémoire, les monuments aux morts de la Corse (Guerre de 1914-1918)" de Georges Ravis-Giordani et Jean-Paul Pellegrinetti (Editions Albiana, 2011). Nous en avons extraits ses conclusions mais sa Cronica, qui a nécessité un travail considérable, est à lire absolument.
 

Dans cette étude très détaillée, Orsu Ghjuvanni Caporossi    rapporte que 11 395 insulaires sont décédés durant la première Guerre Mondiale (11540 si l'on rajoute les 145 morts recensés qui ne sont ni reconnus Morts pour la France ni inscrits sur un Monument aux Morts en Corse). 9 979 seraient officiellement reconnus Morts pour la France (soit 87,57%) et 10 786 ont leur nom inscrit sur un Monument aux Morts en Corse (soit 94,66%). Parmi ces derniers 1 416 ne seraient pas reconnus Morts pour la France, et 75 ne disposent d'aucun renseignement d'identité (mis à part leur patronyme). Il est à noter que 609 reconnus Morts pour la France ne sont pas cités sur un Monument aux Morts en Corse. 10 242 Poilus sont nés en Corse, 744 sont nés hors de Corse, et 409 n'ont pas de lieu de naissance connus.  


La commune ayant enregistré le maximum de perte est celle de Bastia, avec 509 morts, U Poghju Marinaccia et San Gavinu di Fiumorbu ne comptant qu'un seul décès chacune. Le plus jeune Poilu décédé est né en 1901, le plus âgé (un civil victime du torpillage du vapeur Balkan) en 1836.

Militairement, ils se répartissent en 8 138 hommes de troupe (soldats, brigadiers et caporaux) dont 306 marins et quartiers-maîtres, 1 962 sous-officiers (de sergent à adjudant-major, dont 23 officiers mariniers) et 966 officiers (d'aspirant à colonel), dont 28 médecins et pharmaciens, et 12 officiers d'administration. On compte également 91 civils (la plupart décédés lors du naufrage du Balkan), 39 gendarmes et 95 inscrits maritimes. 103 ne sont pas répertoriés.

5 832 sont morts au combat (tués à l'ennemi), 693 ont disparu sur le champ de bataille, 24 sont morts gazés (ou des suites des effets des gaz), 1 829 ont succombé des suites de leurs blessures, 530 sont décédés ou ont disparu en mer (dont 301, la plupart des permissionnaires (207, dont 127 disparus) et 94 civils et membres de l'équipage, dont les noms figurent sur un Monument aux Morts), lors du torpillage du vapeur Balkan, au large de Calvi, en 1918). 1 003 sont morts des suites de maladies contractées en service (ou en captivité), 240 de maladies non contractées (ou aggravées) en service, 105 en captivité en Allemagne, 76 d'accidents en service commandé, 37 accidentellement hors service ou dans diverses autres causes indépendantes de la guerre, 11 lors de combats aériens.
Enfin, 19 d'entre eux se sont suicidés et 6 ont été fusillés pour l'exemple à la suite de diverses mutineries collectives ou individuelles (5 seulement figurent sur un Monument aux Morts). 991 sont morts de cause indéterminée ou des suites de la guerre.

1 359 (soit 11,93%) faisaient partie du 173ème Régiment d'Infanterie (Le régiment des Corses), dont 255 du 373ème, qui était le régiment de réserve du 173ème .

2 493 sont morts dès les premiers mois de la guerre, d'Août à Décembre 1914, et 2 771 lors de l'année 1915, 1841 en 1916, 1222 en 1917 et 1938 en 1918. 225 sont morts en 1919, et 153 sont décédés (reconnus Morts pour la France et/ou ont leur nom gravé sur un Monument) entre 1920 et 1965, des suites de maladies, de blessures ou des effets des gaz de combat.

Enfin, la plupart d'entre eux (7 153) sont morts dans les départements de l'Est et du Nord (Marne, Meuse, Moselle, Meurthe-et-Moselle, Aisne, Somme, Vosges, Nord, Pas-de-Calais, Rhin, Oise…), les autres se répartissant entre les divers hôpitaux de France, en Allemagne, ou sur les fronts de Belgique (407), de Turquie (209), de Grèce (99)… ou d'ailleurs… 302 sont décédés hors du front (maladie ou accident en permission, homicide, suicide, fusillé, ou autre...).
A noter que 432 se sont éteints en Corse (soit dans les hôpitaux insulaires (Aiacciu, Bastia, Bunifaziu, Calvi ou Corti), soit dans leur foyer).



 
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https://corsematin.com/articles/aio-zitelli-de-la-boue-sanglante-a-hollywood-113390
Aiò zitelli, de la boue sanglante à Hollywood
Publié le: 11 novembre 2020 à 13:25





Natif de Petraserena, Joseph Gabrielli participe avec le 140e régiment d'infanterie à la bataille d'Hébuterne, dans le Pas-de-Calais, entre le 7 et le 15 juin 1915. Durant les assauts des 8, 9 et 10 juin, le régiment subit de lourdes pertes. Le 13 juin, Gabrielli est retrouvé dans une cave du village voisin de Colincamps.
Manquant à l'appel depuis le 8 juin, il est accusé d'avoir abandonné son poste.
Le capitaine Vidon, commandant la compagnie à laquelle appartient le soldat corse, rédige un rapport dans lequel il mentionne Joseph Gabrielli comme "un pauvre d'esprit, élevé à l'état sauvage, illettré et incapable de tenir sa place dans le rang pour le combat". Le constat implacable ne parvient pas à dédouaner le pauvre hère qui confie simplement avoir été "effrayé par un éclat d'obus" avant de se perdre.
Parlant très mal le français, il a pourtant assuré qu'on l'avait mal "compris" lorsqu'il a donné les explications de son absence. Il est finalement passé par les armes, moins d'une heure après le début de sa parodie de procès. Face aux fusils de ses camarades, il avait pourtant crié "Maman, maman, je ne veux pas mourir" et c'est à un poteau qu'il a fallu le ligoter pour qu'il cesse d'implorer l'aumônier et son défenseur, le soldat Louis Depommier. Après une interminable bataille judiciaire, il a fallu attendre 1933 pour que Joseph Gabrielli soit finalement réhabilité. Ce drame qui résume à lui seul la cruauté et la bêtise de certains gradés aveuglés par la notion très aléatoire du devoir a inspiré l'album de BD Aiò zitelli, de Frédéric Bertocchini, Espinosa et Sayago.
Il sort en 2014, à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, dans le cadre d'une exposition au Musée de la Corse, à Corti.
Quelques années plus tard, le réalisateur Jean-Marie Antonini, originaire de Lisula et propriétaire de la boîte de production parisienne C4 prod, prend connaissance au même moment du documentaire de Jackie Poggioli, Fucilati in prima ligna, et de la BD Aiò zitelli, qui évoquent tous les deux le destin tragique de Joseph Gabrielli. Il contacte Frédéric Bertocchini et commencent tous deux à rédiger le scénario de leur court-métrage.
Il porte le nom de la BD, qui lui-même s'inspire de la devise du 173e, le régiment des Corses. Leur court-métrage, bouleversant, collectionne les sélections dans les festivals du monde entier. La dernière en date, au Hollyshorts festival d'Hollywood, le plus célèbre festival de court-métrage au monde, pourrait sélectionner Aiò zitelli aux prochains Oscars si celui-ci remporte la victoire. Un parcours exceptionnel que France 3 a décidé de saluer par une diffusion en prime time, le 5 novembre dernier.
En attendant les hommages, l'équipe du film prépare déjà un long métrage. "L'écriture est en cours", confie Frédéric Bertocchini. De quoi donner encore plus d'écho à une œuvre témoin. Pour ne pas oublier ce que les fusillés pour l'exemple disent de la folie guerrière.


 
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Carte tirée de : https://www.lesjeunesrussisants.fr/histoire.html



http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/bac/1GM/sujets/russie.htm
 
La Russie dans la 1ère guerre mondiale  
Introduction
 
   La Russie tsariste s'est engagée dans la guerre en 1914 avec l'espoir de faire diversion aux difficultés internes d'un régime de plus en plus contesté, et d'effacer les déboires de la guerre russo-japonaise de 1905.
   L'expansionnisme russe stoppé en Extrême-Orient, entendait bien se redéployer en direction des Balkans où la Russie se présentait comme la protectrice des Slaves orthodoxes face à l'Empire austro-hongrois, et en direction des Détroits qui contrôlaient l'accès de la Mer noire à la Méditerranée.
   En réalité, la guerre a précipité la chute du tsarisme et ouvert la voie à deux révolutions qui ont abouti à la signature d'une paix séparée avec l'Allemagne et à la naissance d'une nouvelle Russie, la Russie bolchevique.
 
I. Le régime tsariste et la guerre
 
1/ La Russie dans la crise de l'été 1914

   Au départ, la crise austro-serbe déclenchée en juin 1914 par l'attentat de Sarajevo, n'avait débouché que sur un conflit limité à l'Autriche-Hongrie et à la Serbie.
   A la faveur de cette crise, la Russie tsariste entendait bien, en se portant au secours de la Serbie, s'opposer à l'influence austro-hongroise dans les Balkans dont l'axe d'expansion vers la Méditerranée venait recouper celui de l'impérialisme russe panslave.
   Confortée par l'alliance franco-russe réaffirmée à l'occasion du voyage en Russie du président de la République, Raymond Poincaré, le 20 juillet 1914, la Russie a décrété dès le 30 juillet une mobilisation générale à laquelle l'Allemagne s'est empressée de riposter en lui déclarant la guerre.
   En Russie et à Saint-Pétersbourg la capitale, rebaptisée Petrograd, cette guerre, voulue par le régime tsariste, devait rallier l'opposition et unir le peuple derrière le tsar, Nicolas II, face au vieux rival germanique dans un réflexe patriotique d'union sacrée.

2/ Les revers militaires et l'enlisement dans la guerre

   En août 1914, La Russie a mobilisé plus de 10 millions d'hommes, mais le « rouleau compresseur » russe sur lequel le commandement français avait fondé beaucoup d'espoirs s'est avéré illusoire.
   En réalité la Russie ne parvint à acheminer que 7 millions d'hommes sur le front et seulement 1 million en première ligne.
   Les armées russes mal équipées, mal armées, mal préparées, mal commandées, constituées essentiellemnt de paysans peu motivés au combat, ont été battues par les Allemands dès le 30 août 1914 à Tannenberg.
    En 1915, le front était percé de toutes parts ; la Pologne et la Lituanie étaient occupées par les Allemands qui atteignaient la Berezina.
   Les armées russes avaient subi d'énormes pertes : 1 million de morts, 900 000 prisonniers, de très nombreux blessés.
    C'était la fin de l'illusion d'une guerre courte et facile, l'enlisement dans une guerre longue, totale, que la Russie n'avait pas les moyens d'assumer.

3/ La chute du régime tsariste

   Toutes les tentatives russes pour reprendre l'offensive , en particulier celle qui a été menée par le général Broussilov dans les Carpates en 1916, ont échoué.
   Les troupes russes étaient démoralisées ; les désertions se multipliaient.
   La situation économique du pays était catastrophique : effondrement de la production agricole ; pénurie et rationnement ; manque de combustibles ; flambée des prix ; transports désorganisés.
   Les tensions sociales se multipliaient : colère dans les queues devant les magasins ; manifestations ; grèves.
   Sur le plan politique, l'union sacrée se disloquait, les intrigues enflaient, un complot envisageait de destituer le tsar au profit de son fils qui aurait été placé sous la régence du Grand duc Michel ; le moine Raspoutine, très influent à la cour, était assassiné.
    La crise politique, économique et sociale qui s'amplifiait confortait les dirigeants bolcheviques qui avaient refusé l'union sacrée en 1914 et participé en 1915 à la conférence pacifiste de Zimmerwald en Suisse, dans leur volonté de transformer la guerre qu'ils qualifiaient d'impérialiste en guerre révolutionnaire.
   L'incapacité du régime tsariste à gagner la guerre dans laquelle il avait engagé la Russie a finalement entraîné sa chute.
 
II. Les révolutionnaires russes entre la guerre et la paix
 
1/ Les hésitations du gouvernement provisoire

   La Révolution de février 1917 qui a renversé le régime tsariste de Nicolas II a débouché sur l'instauration d'un double pouvoir : celui du gouvernement provisoire contrôlé par des modérés, et celui du Soviet de Petrograd où les Bolcheviks de retour en Russie étaient de plus en plus influents.
   Le gouvernement provisoire décida de maintenir en place l'état-major tsariste, de maintenir les alliances nouées par le régime tsariste et de continuer de combattre aux côtés des pays de l'Entente.
   Le Soviet de Petrograd quant à lui appela à « une paix blanche ».
   Lénine à la tête du parti bolchevique exigeait dans les « Thèse d'avril », l'arrêt immédiat de la guerre par la fraternisation des soldats sur le front.
   Le gouvernement provisoire poursuivit la guerre, mais s'avéra incapable de lancer une contre-offensive ; les troupes allemandes avançaient sur le territoire russe ; les désertions se multipliaient au sein des armées russes.
   En mai 1917, sous la pression des soviets, le gouvernement provisoire a proposé de réunir une conférence internationale à Stockholm pour y discuter du principe d'« une paix sans annexion, ni contribution », mais ce fut un échec.
   Le gouvernement provisoire présidé par Kerenski se trouva affaibli par le coup d'état militaire déclenché par le général Kornilov, que seuls les syndicats et les soviets parvinrent à briser.

2/ Les Bolcheviks et la paix séparée avec l'Allemagne

   Les Bolcheviks devenus majoritaires au Soviet de Petrograd déclenchèrent une insurrection armée qui chassa le gouvernement provisoire.
   Le pouvoir bolchevique issu de la Révolution d'octobre 1917 promulgua immédiatement un décret sur la paix qui dénonçait les accords secrets signés par le régime tsariste et confirmés par le gouvernement provisoire, et sollicita un armistice avec la volonté d'aboutir à « une paix démocratique et juste sans annexoion ni contribution ».
   Le 15 décembre 1917, un armistice suspendait les hostilités entre la Russie et l'Allemagne.
   La négociation d'une paix avec l'Allemagne fit l'objet d'un débat contradictoire parmi les dirigeants bolcheviques :
        - fallait-il transformer la guerre en guerre révolutionnaire destinée à exporter la révolution, comme l'avait fait les soldats de l'An II au moment de la révolution française, thèse défendue par Boukharine ?
        - ou bien fallait-il temporiser, faire traîner les négociations jusqu'à ce que la révolution éclate en Allemagne, thèse défendue par Trotski ?
        - ou bien encore, fallait-il mieux mettre fin au plus vite à la guerre, même au prix d'une paix humiliante, pour sauver la révolution d'octobre en Russie même où de nombreux opposants s'étaient dressés contre les Bolcheviks, thèse défendue par Stlaline ?
   En février 1918, les combats ayant repris, les troupes allemandes menaçant Petrograd, Lénine se rallia à la théorie du répit défendue par Staline.
    Le 3 mars 1918, la Russie bolchevique signa à Brest-Litovsk un traité de paix séparée avec l'Allemagne qui entraînait pour elle la perte de nombreux territoires : la Finlande, les pays baltes, la Pologne, l'Ukraine, une partie de la Biélorussie et la moitié de l'Arménie.

3/ L'intervention des pays de l'Entente en Russie

   Dès le printemps 1918, les pays de l'Entente décidèrent de faire le blocus de la Russie et d'envoyer des troupes combattre aux côtés des Armées blanches contre l'Armée rouge organisée par Trotski.
   Cette intervention avait pour objectif de punir les Bolcheviks d'avoir signé un traité de paix séparé, de maintenir un front en Russie, mais aussi de préserver les intérêts économiques des pays intervenants menacés par la collectivisation et de tuer dans l'œuf la révolution bolchevique avant qu'elle ne se propage à d'autres pays d'Europe, .
   Par cette intervention dont les motivations idéologiques et économiques prirent rapidement le pas sur les considérations militaires, les Allemands devenaient des alliés objectifs des pays de l'Entente face aux Bolcheviks, tandis que de son côté la révolution bolchevique s'exportait en Allemagne avec l'insurrection spartakiste.
   Bien qu'elle ait finalement échoué, cette intervention a néanmoins contribué à prolonger la guerre civile et à pousser le pouvoir bolchevique à radicaliser les mesures de collectivisation et de répression prises dans le cadre du communisme de guerre.

Conclusion

   Les dirigeants bolcheviques ne sont pas parvenus à transformer la guerre déclenchée en 1914 en une révolution mondiale.
    La guerre extérieure dont ils ont retiré la Russie au début de 1918, s'est prolongée par une guerre civile meurtrière qui n'a pris fin qu'en 1920.
   Le nouvel Etat soviétique né de la Révolution d'octobre 1917 est finalement sorti victorieux de cette guerre civile, mais il héritait d'une situation catastrophique dans tous les domaines et d'un territoire très largement amputé par rapport à ce qu'avait été l'Empire tsariste auquel il se substituait désormais.
   Epuisé, à bout de forces, il était contraint de signer en 1921 avec la Pologne reconstituée, le traité de paix de Riga qui repoussait de 150 kilomètres à l'Est au profit de la Pologne, la frontière russo-polonaise établie en 1918 sous le nom de ligne Curzon.
   Par ce traité, il concédait à la Pologne des territoires peuplés de Biélorusses et d'Ukrainiens que Staline s'empressera de récupérer en septembre 1939 conformément aux clauses secrètes du pacte germano-soviétique.
   La Russie tsariste s'est engagée dans la guerre en 1914 avec l'espoir de faire diversion aux difficultés internes d'un régime de plus en plus contesté, et d'effacer les déboires de la guerre russo-japonaise de 1905.
   L'expansionnisme russe stoppé en Extrême-Orient, entendait bien se redéployer en direction des Balkans où la Russie se présentait comme la protectrice des Slaves orthodoxes face à l'Empire austro-hongrois, et en direction des Détroits qui contrôlaient l'accès de la Mer noire à la Méditerranée.
   En réalité, la guerre a précipité la chute du tsarisme et ouvert la voie à deux révolutions qui ont abouti à la signature d'une paix séparée avec l'Allemagne et à la naissance d'une nouvelle Russie, la Russie bolchevique.