25.10.24
Origine LinkedIn
Olivier R.
Consultant international indépendant
Vous trouverez également une histoire assez complète de la vie d’Anne de Russie dans le numéro hors-série de l’Association Anne de Russie.
Numéro dans lequel notamment les nombreux autres noms de cette reine de France sont passés en revue, et où sont évoqués les enjeux identitaires dont sa mémoire est le jouet.
https://www.calameo.com/read/0077501032f74c3b6493a?authid=FObj2mpPQKEs
La Lettre d'Anne de Russie - Hors-série N°1 - Sept 2024
La Lettre d'Anne de Russie est une publication de l'Institut Anne de Russie
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Anne de Kiev
Origine LinkedIn
Olivier R.
Consultant international indépendant
Vous trouverez également une histoire assez complète de la vie d’Anne de Russie dans le numéro hors-série de l’Association Anne de Russie.
Numéro dans lequel notamment les nombreux autres noms de cette reine de France sont passés en revue, et où sont évoqués les enjeux identitaires dont sa mémoire est le jouet.
https://www.calameo.com/read/0077501032f74c3b6493a?authid=FObj2mpPQKEs
La Lettre d'Anne de Russie - Hors-série N°1 - Sept 2024
La Lettre d'Anne de Russie est une publication de l'Institut Anne de Russie
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Les Routes de l’Histoire
Olga KRUTCHKOVA , Victoria NIKOLAEVA
Histoire des relations franco-russes
Anne de Kiev
Les relations entre la France et la Russie ont une très longue histoire. Au milieu du XIe siècle, Anne de Kiev, fille de Iaroslav le Sage, devint reine de France en épousant Henri Ier, petit-fils d’Hugues Capet. À la mort de celui-ci, elle fut régente de son jeune fils – le futur roi de France Philippe Ier. En réalité c’était elle qui dirigeait l’État français. Il arrive que toute la lignée des rois français ait du sang russe.
Jusqu’au début du XVIIIe siècle, les contacts russo-français se limitaient à l’envoi de délégués pour des missions ponctuelles.
En 1717, Pierre Ier arrive à Paris pour y passer deux mois. Revenu de son voyage, il signa les lettres de créance du premier ambassadeur russe en France, qui marque le point de départ des relations diplomatiques entre les deux pays. La France est invariablement restée, depuis cette époque, l’un des principaux partenaires européens de la Russie, et les relations entre les deux pays ont en grande partie déterminé la situation en Europe et dans le monde.
L’époque de Catherine II était marquée par l’intérêt particulier envers la culture et la vie intellectuelle de la France. L’impératrice russe admirait Montesquieu, était en correspondance avec Voltaire. En plus Catherine II acheta la bibliothèque de Diderot et celle de Voltaire. La société russe de cette époque parlait et écrivait bien en français. En même temps on observe l’augmentation de l’intérêt des Français envers la Russie.
Mais Catherine II s’opposa à la Révolution française. En 1793, les relations diplomatiques entre la France et la Russie furent rompues suite à la révolution et le traité de commerce signé en 1787 fut dénoncé.
Devenu empereur, Paul Ier interdit tout ce qui était français ; personne ne pouvait se rendre en France mais par contre on accueillait avec amitié les aristocrates émigrés de la France révolutionnaire.
L’année 1812 entra dans l’histoire comme l’année de la guerre avec la France. Après une série de combats sanglants sur le territoire de la Russie et de l’Europe, la France fut reconnue vaincue. L’acte de capitulation a été signé le 31 mars 1814.
Cette guerre n’exerça pas une grande influence sur les relations culturelles entre les deux pays. Alexandre Ier, comme ses prédécesseurs, accueillait avec hospitalité les émigrés français. La Russie était visitée par des écrivains, des artistes, des musiciens et des comédiens français qui participaient à la vie culturelle de Saint-Pétersbourg.
Les grandes familles comme les Rochechouart-Mortemart et les Richelieu reçurent des postes importants auprès du Tsar ; les prêtres catholiques réfugiés en Russie fondèrent des écoles (la plus célèbre c’est le Collège des jésuites de Saint-Pétersbourg).
L’époque de Nicolas Ier commença par la révolte des décembristes et les répressions de 1825. 28 ans plus tard, le 13 mars 1853 à la suite d’un conflit diplomatique la France et l’Angleterre déclarèrent la guerre à la Russie. La campagne de Crimée finit par la défaite de l’armée russe et par le traité de Paris du 30 mars 1856.
Dès son avènement en 1855 Alexandre II se mit à préparer la réconciliation avec la France. Après la rencontre entre les deux empereurs, Alexandre II et Napoléon III, à Stuttgart en 1857 les relations diplomatiques entre les deux pays furent reprises. L’empereur russe prend part à l’exposition universelle de Paris en 1878.
En 1874, le professeur Louis Léger inaugura à l’École des langues orientales l’enseignement du russe. Ensuite on l’introduisit dans les programmes des écoles militaires. Le XIXe siècle montra que les contacts entre la Russie et la France prirent un caractère bilatéral stable.
Quant aux langues, en Russie, le français reçut une marque sociale : il devint la langue de l’aristocratie. À son tour, le russe entra dans les programmes universitaires de Lille, de Bordeaux, de Dijon et de Cannes.
Nicolas II confirma l’Alliance franco-russe. Mais la période de la paix et de la tranquillité ne fut pas longue. L’Allemagne déclara la guerre à la Russie le 1er août et à la France le 3 août 1914. La Première Guerre mondiale éclata. Lors de cette période la France devint le premier créancier de la Russie et son premier partenaire économique.
Les années 1917-1923 pour la Russie, ce fut une période difficile : révolutions, signature du traité de paix avec l’Allemagne, guerre civile et NEP. Le 6 juillet 1923, l’état russe a pris le nom d’Union des Républiques Socialistes Soviétiques : URSS. À cause des perturbations politiques la culture et le monde artistique de la Russie ont subi des pertes importantes : les artistes se suicidaient, mouraient de famine ou étaient fusillés.
Après la révolution de 1917, la société française se trouva divisée en deux parties – ceux qui acceptaient le nouveau régime et ceux qui étaient contre. De tous les pays c’est la France qui accueillait une majorité pléthorique des exilés russes. On constatait que le niveau culturel de la colonie russe à Paris était plus élevé que dans d’autres pays européens : un tiers étaient des universitaires, trois quarts ont fait des études secondaires.
En octobre 1924, la France reconnut l’URSS par un télégramme adressé au président du Conseil des Commissaires du Peuple.
La veille de la Deuxième guerre mondiale et les premières années de la guerre les rapports entre la France et l’URSS étaient assez froids. La situation changea le 25 août 1943. Le gouvernement de Moscou reconnut le Comité français de libération nationale.
Après la guerre, la France passa par la Quatrième république (1946-1958), présidences de Charles de Gaule, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand ; guerres au Vietnam et en Algérie ; crises de 1968 et 1987. C’était une période de grands changements dans tous les domaines de la vie sociale.
La période de la perestroïka de la Russie de 1985-1991 succéda à celle de la stagnation et du vide. Les rapports culturels entre les deux pays prirent une nouvelle forme devenant décentralisés et directs.
Le XXIe siècle commence sous l’égide de la coopération et les échanges culturels entre les deux pays. Sur le plan politique des rencontres bilatérales régulières au niveau des deux chefs d’État renforcent le partenariat franco-russe et russo-français. Sur le plan économique, les investissements et les exportations favorisent le rapprochement de la France et de la Russie.
Jusqu’au début du XVIIIe siècle, les contacts russo-français se limitaient à l’envoi de délégués pour des missions ponctuelles.
En 1717, Pierre Ier arrive à Paris pour y passer deux mois. Revenu de son voyage, il signa les lettres de créance du premier ambassadeur russe en France, qui marque le point de départ des relations diplomatiques entre les deux pays. La France est invariablement restée, depuis cette époque, l’un des principaux partenaires européens de la Russie, et les relations entre les deux pays ont en grande partie déterminé la situation en Europe et dans le monde.
L’époque de Catherine II était marquée par l’intérêt particulier envers la culture et la vie intellectuelle de la France. L’impératrice russe admirait Montesquieu, était en correspondance avec Voltaire. En plus Catherine II acheta la bibliothèque de Diderot et celle de Voltaire. La société russe de cette époque parlait et écrivait bien en français. En même temps on observe l’augmentation de l’intérêt des Français envers la Russie.
Mais Catherine II s’opposa à la Révolution française. En 1793, les relations diplomatiques entre la France et la Russie furent rompues suite à la révolution et le traité de commerce signé en 1787 fut dénoncé.
Devenu empereur, Paul Ier interdit tout ce qui était français ; personne ne pouvait se rendre en France mais par contre on accueillait avec amitié les aristocrates émigrés de la France révolutionnaire.
L’année 1812 entra dans l’histoire comme l’année de la guerre avec la France. Après une série de combats sanglants sur le territoire de la Russie et de l’Europe, la France fut reconnue vaincue. L’acte de capitulation a été signé le 31 mars 1814.
Cette guerre n’exerça pas une grande influence sur les relations culturelles entre les deux pays. Alexandre Ier, comme ses prédécesseurs, accueillait avec hospitalité les émigrés français. La Russie était visitée par des écrivains, des artistes, des musiciens et des comédiens français qui participaient à la vie culturelle de Saint-Pétersbourg.
Les grandes familles comme les Rochechouart-Mortemart et les Richelieu reçurent des postes importants auprès du Tsar ; les prêtres catholiques réfugiés en Russie fondèrent des écoles (la plus célèbre c’est le Collège des jésuites de Saint-Pétersbourg).
L’époque de Nicolas Ier commença par la révolte des décembristes et les répressions de 1825. 28 ans plus tard, le 13 mars 1853 à la suite d’un conflit diplomatique la France et l’Angleterre déclarèrent la guerre à la Russie. La campagne de Crimée finit par la défaite de l’armée russe et par le traité de Paris du 30 mars 1856.
Dès son avènement en 1855 Alexandre II se mit à préparer la réconciliation avec la France. Après la rencontre entre les deux empereurs, Alexandre II et Napoléon III, à Stuttgart en 1857 les relations diplomatiques entre les deux pays furent reprises. L’empereur russe prend part à l’exposition universelle de Paris en 1878.
En 1874, le professeur Louis Léger inaugura à l’École des langues orientales l’enseignement du russe. Ensuite on l’introduisit dans les programmes des écoles militaires. Le XIXe siècle montra que les contacts entre la Russie et la France prirent un caractère bilatéral stable.
Quant aux langues, en Russie, le français reçut une marque sociale : il devint la langue de l’aristocratie. À son tour, le russe entra dans les programmes universitaires de Lille, de Bordeaux, de Dijon et de Cannes.
Nicolas II confirma l’Alliance franco-russe. Mais la période de la paix et de la tranquillité ne fut pas longue. L’Allemagne déclara la guerre à la Russie le 1er août et à la France le 3 août 1914. La Première Guerre mondiale éclata. Lors de cette période la France devint le premier créancier de la Russie et son premier partenaire économique.
Les années 1917-1923 pour la Russie, ce fut une période difficile : révolutions, signature du traité de paix avec l’Allemagne, guerre civile et NEP. Le 6 juillet 1923, l’état russe a pris le nom d’Union des Républiques Socialistes Soviétiques : URSS. À cause des perturbations politiques la culture et le monde artistique de la Russie ont subi des pertes importantes : les artistes se suicidaient, mouraient de famine ou étaient fusillés.
Après la révolution de 1917, la société française se trouva divisée en deux parties – ceux qui acceptaient le nouveau régime et ceux qui étaient contre. De tous les pays c’est la France qui accueillait une majorité pléthorique des exilés russes. On constatait que le niveau culturel de la colonie russe à Paris était plus élevé que dans d’autres pays européens : un tiers étaient des universitaires, trois quarts ont fait des études secondaires.
En octobre 1924, la France reconnut l’URSS par un télégramme adressé au président du Conseil des Commissaires du Peuple.
La veille de la Deuxième guerre mondiale et les premières années de la guerre les rapports entre la France et l’URSS étaient assez froids. La situation changea le 25 août 1943. Le gouvernement de Moscou reconnut le Comité français de libération nationale.
Après la guerre, la France passa par la Quatrième république (1946-1958), présidences de Charles de Gaule, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand ; guerres au Vietnam et en Algérie ; crises de 1968 et 1987. C’était une période de grands changements dans tous les domaines de la vie sociale.
La période de la perestroïka de la Russie de 1985-1991 succéda à celle de la stagnation et du vide. Les rapports culturels entre les deux pays prirent une nouvelle forme devenant décentralisés et directs.
Le XXIe siècle commence sous l’égide de la coopération et les échanges culturels entre les deux pays. Sur le plan politique des rencontres bilatérales régulières au niveau des deux chefs d’État renforcent le partenariat franco-russe et russo-français. Sur le plan économique, les investissements et les exportations favorisent le rapprochement de la France et de la Russie.
Henri 1er, époux d'Anne de Kiev
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Philippe Ier (1052 -1108). Roi des Francs 1060-1108. Fils d’Henri Ier et d’Anne de Kiev
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http://www.revuemethode.org/sf091726.html
Anne de Kiev, princesse varègue
devenue reine des Francs
par Alexandre PAJON
Lorsque le président français, Emmanuel Macron, reçut château de Versailles, le 29 mai 2017, son homologue russe, Vladimir Poutine, ceux-ci n'hésitèrent pas à en appeler à l'histoire. Emmanuel Macron se référa à Pierre le Grand et son ouverture sur l'Europe quand Vladimir Poutine fit allusion à Anne de Kiev, contributrice de la dynastie capétienne et par la même occasion des deux maisons devenues plus tard européennes, la maison des Valois et la maison des Bourbon.Si tout le monde connaît le tsar Pierre le Grand, qui connaît Anne de Kiev ?
Et comment une princesse kiévoise se retrouva-t-elle reine des Francs ? Pour le comprendre, il est nécessaire de regarder vers ce qui deviendra plus tard la France.
En effet, le roi des Francs, Henri Ier, petit-fils du fondateur de la dynastie capétienne, Hugues Capet, venait de perdre son épouse Mathilde de Frise. Celle-ci n'ayant pu lui donner d'héritier, il chercha alors à contracter un nouveau mariage. Mais il ne pouvait chercher d'épouse dans la famille de sa défunte femme, même éloignée, car l’alliance étant considérée par l’Église comme un lien de parenté, celle-ci s'opposait aux mariages consanguins jusqu'au septième degré.
Henri envoya alors des ambassades aux quatre coins de l'Europe, chargées de lui signaler toute princesse à marier.
Pendant quatre ans il attendit que lui soit signalée une possible fiancée, car toutes celles dont on lui parlait étaient peu ou prou ses parentes. Jusqu'au jour où lui fut révélée l'existence d'une princesse, Anne, fille du grand Iaroslav Vladimirovitch qui régnait à Kiev, et qui n'avait aucun lien de parenté avec le roi franc.
Sa mère était Ingrid de Suède, fille d'Olof III Skötkonung, premier roi chrétien de Suède. Anne ne manquait pas de patronyme puisqu'on la connaît sous les noms d'Anne de Kiev, Anna Iaroslava, Anne de Ruthénie, Anne d'Esclavonie, Anne d'Ukraine etc...
La petite-fille de Vladimir le Grand, Grand-prince de la Rus' de Kiev qui avait converti le pays au christianisme, était réputée être une belle femme aux cheveux blonds, gracieuse et bien éduquée. Cette princesse ruthène, d'origine varègue - les Varègues était le nom donné aux vikings de Suède par les Slaves orientaux - naquit en 1027. Son éducation était celle de toutes les princesses slaves de Ruthénie : lecture, écriture, philosophie, langues mortes et vivantes, connaissance de l'Ancien et du Nouveau Testament...
En apprenant donc son existence, Henri chargea l'évêque de Châlons-sur-Marne, Roger, de porter des bijoux à Iaroslav et de lui demander la main de sa fille. Favorable à une politique d'ouverture, le prince de Kiev accepta la proposition.
Anne quitta alors sa ville natale en 1051 pour se rendre auprès de son futur époux qu'elle n'avait encore jamais rencontré. Après un voyage de plusieurs mois, elle arriva à Reims, apportant avec elle une dot de pièces d'or frappées à Byzance.
La légende raconte qu'une fois Anne sortie de son chariot, le roi se dirigea vers elle pour l'embrasser. La princesse ne protestant pas, la foule pouvait donc voir les fiancés blottis l'un contre l'autre. La légende continue en disant qu'Anne aurait rougi en s'exclamant « je suppose que c'est vous, n'est-ce-pas, qui êtes le roi ? ».
Le mariage eut lieu dans la basilique de Reims, la cathédrale n'ayant pas encore été construite. Il est probable qu'Anne fut ointe d'une huile ordinaire et non du baume de la Sainte Ampoule.
On ne sait pas grand-chose de ce qu'elle pensa du sacre, mais à en croire les Chroniques de France, « la dame, que sainte vie menait, pensait plus aux choses spirituelles qui à venir sont, qu'elle ne faisait aux temporelles, en espérance qu'elle en reçut le loyer en la vie perdurable. » Le sacre fut célébré par l'archevêque Guy de Châtillon. Henri avait 39 ans et Anne, 27.
La première alliance franco-ukrainienne, ou franco-russe selon les susceptibilités, ne dura pas longtemps, Henri décédant brusquement le 4 août 1060, à Vitry-aux-Loges, dans l'actuel département du Loiret. Mais Anne aura pu lui donner trois héritiers : Philippe, Robert et Hugues. Hugues reçut le comté du Vermandois, Robert mourut jeune, et Philippe, l'aîné, fut appelé à devenir roi.
Le prénom de Philippe était assez rare dans le vieux monde carolingien et au début de l'époque capétienne. Anne l'introduisit donc à la cour. Il signifie littéralement « celui qui aime les chevaux. » C'est également le prénom d'un des douze apôtres du Christ. Était-ce un choix personnel de la reine, très pieuse ? Nul ne le sait, mais la dynastie capétienne était enfin assurée. Henri pouvait mourir tranquille.
A la mort de son époux, Anne se retira au château de Senlis avec son fils Philippe, qui avait été sacré roi du vivant de son père. Elle ne s'était pas vu confier la tutelle: à cette époque, il n'y avait pas encore de coutume établie. Ce fut alors Baudoin V, oncle du jeune roi, qui fut désigné tuteur-régent.
Anne put donc vivre libre de toute obligation politique. En dépit de son veuvage récent, elle continuait à organiser des réceptions mondaines. C'est ainsi qu'elle rencontra Raoul le Grand, comte de Crépy-en-Valois, un puissant seigneur qu'elle épousa seulement trois ans après la mort d'Henri. Raoul répudia sa femme, Haquenez, pour que les deux amants puissent se marier. Cette union fit scandale dans le royaume. En effet, la reine se rendait coupable d'adultère. Haquenez, apprenant la raison pour laquelle elle fut répudiée, se plaignit auprès du pape Alexandre II. Ce dernier chargea alors l'archevêque de Reims, Gervais, de mener une enquête, et demanda ensuite à Raoul de se séparer d'Anne pour reprendre son épouse légitime. Mais devant le refus du comte, le pape l'excommunia et annula le mariage avec Anne.
Cependant, les deux amants continuèrent à rester ensemble, et devant l'absence de remords, leur union finit par être acceptée. Un peu plus tard, le roi Philippe Ier, trouva sage de se réconcilier avec eux et accepta même Raoul à la cour. Anne y réapparut également avec le titre de reine mère, une fois le comte décédé. Depuis, Anne ne laissa plus aucune trace et nul ne sait ce qu'elle est devenue.
Il est dit qu'elle retourna sur sa terre natale. Mais une tombe, trouvée en 1682 dans l'abbaye de Villiers-aux-Nonnains, près de la Ferté-Alais, laisse à penser qu'elle n'a peut-être pas quitté la France. Cette tombe portait l'inscription « Anne, femme de Henri ». Son corps pourrait également reposer à Senlis, lieu qu'elle chérissait et où elle fit construire l'abbaye Saint-Vincent.
Le mystère demeure toujours mais Anne serait décédée entre 1076 et 1080, à Verneuil, près de Melun, sans avoir connu son petit-fils, le futur roi Louis VI le Gros, né en 1081.
A.P.
Et comment une princesse kiévoise se retrouva-t-elle reine des Francs ? Pour le comprendre, il est nécessaire de regarder vers ce qui deviendra plus tard la France.
En effet, le roi des Francs, Henri Ier, petit-fils du fondateur de la dynastie capétienne, Hugues Capet, venait de perdre son épouse Mathilde de Frise. Celle-ci n'ayant pu lui donner d'héritier, il chercha alors à contracter un nouveau mariage. Mais il ne pouvait chercher d'épouse dans la famille de sa défunte femme, même éloignée, car l’alliance étant considérée par l’Église comme un lien de parenté, celle-ci s'opposait aux mariages consanguins jusqu'au septième degré.
Henri envoya alors des ambassades aux quatre coins de l'Europe, chargées de lui signaler toute princesse à marier.
Pendant quatre ans il attendit que lui soit signalée une possible fiancée, car toutes celles dont on lui parlait étaient peu ou prou ses parentes. Jusqu'au jour où lui fut révélée l'existence d'une princesse, Anne, fille du grand Iaroslav Vladimirovitch qui régnait à Kiev, et qui n'avait aucun lien de parenté avec le roi franc.
Sa mère était Ingrid de Suède, fille d'Olof III Skötkonung, premier roi chrétien de Suède. Anne ne manquait pas de patronyme puisqu'on la connaît sous les noms d'Anne de Kiev, Anna Iaroslava, Anne de Ruthénie, Anne d'Esclavonie, Anne d'Ukraine etc...
La petite-fille de Vladimir le Grand, Grand-prince de la Rus' de Kiev qui avait converti le pays au christianisme, était réputée être une belle femme aux cheveux blonds, gracieuse et bien éduquée. Cette princesse ruthène, d'origine varègue - les Varègues était le nom donné aux vikings de Suède par les Slaves orientaux - naquit en 1027. Son éducation était celle de toutes les princesses slaves de Ruthénie : lecture, écriture, philosophie, langues mortes et vivantes, connaissance de l'Ancien et du Nouveau Testament...
En apprenant donc son existence, Henri chargea l'évêque de Châlons-sur-Marne, Roger, de porter des bijoux à Iaroslav et de lui demander la main de sa fille. Favorable à une politique d'ouverture, le prince de Kiev accepta la proposition.
Anne quitta alors sa ville natale en 1051 pour se rendre auprès de son futur époux qu'elle n'avait encore jamais rencontré. Après un voyage de plusieurs mois, elle arriva à Reims, apportant avec elle une dot de pièces d'or frappées à Byzance.
La légende raconte qu'une fois Anne sortie de son chariot, le roi se dirigea vers elle pour l'embrasser. La princesse ne protestant pas, la foule pouvait donc voir les fiancés blottis l'un contre l'autre. La légende continue en disant qu'Anne aurait rougi en s'exclamant « je suppose que c'est vous, n'est-ce-pas, qui êtes le roi ? ».
Le mariage eut lieu dans la basilique de Reims, la cathédrale n'ayant pas encore été construite. Il est probable qu'Anne fut ointe d'une huile ordinaire et non du baume de la Sainte Ampoule.
On ne sait pas grand-chose de ce qu'elle pensa du sacre, mais à en croire les Chroniques de France, « la dame, que sainte vie menait, pensait plus aux choses spirituelles qui à venir sont, qu'elle ne faisait aux temporelles, en espérance qu'elle en reçut le loyer en la vie perdurable. » Le sacre fut célébré par l'archevêque Guy de Châtillon. Henri avait 39 ans et Anne, 27.
La première alliance franco-ukrainienne, ou franco-russe selon les susceptibilités, ne dura pas longtemps, Henri décédant brusquement le 4 août 1060, à Vitry-aux-Loges, dans l'actuel département du Loiret. Mais Anne aura pu lui donner trois héritiers : Philippe, Robert et Hugues. Hugues reçut le comté du Vermandois, Robert mourut jeune, et Philippe, l'aîné, fut appelé à devenir roi.
Le prénom de Philippe était assez rare dans le vieux monde carolingien et au début de l'époque capétienne. Anne l'introduisit donc à la cour. Il signifie littéralement « celui qui aime les chevaux. » C'est également le prénom d'un des douze apôtres du Christ. Était-ce un choix personnel de la reine, très pieuse ? Nul ne le sait, mais la dynastie capétienne était enfin assurée. Henri pouvait mourir tranquille.
A la mort de son époux, Anne se retira au château de Senlis avec son fils Philippe, qui avait été sacré roi du vivant de son père. Elle ne s'était pas vu confier la tutelle: à cette époque, il n'y avait pas encore de coutume établie. Ce fut alors Baudoin V, oncle du jeune roi, qui fut désigné tuteur-régent.
Anne put donc vivre libre de toute obligation politique. En dépit de son veuvage récent, elle continuait à organiser des réceptions mondaines. C'est ainsi qu'elle rencontra Raoul le Grand, comte de Crépy-en-Valois, un puissant seigneur qu'elle épousa seulement trois ans après la mort d'Henri. Raoul répudia sa femme, Haquenez, pour que les deux amants puissent se marier. Cette union fit scandale dans le royaume. En effet, la reine se rendait coupable d'adultère. Haquenez, apprenant la raison pour laquelle elle fut répudiée, se plaignit auprès du pape Alexandre II. Ce dernier chargea alors l'archevêque de Reims, Gervais, de mener une enquête, et demanda ensuite à Raoul de se séparer d'Anne pour reprendre son épouse légitime. Mais devant le refus du comte, le pape l'excommunia et annula le mariage avec Anne.
Cependant, les deux amants continuèrent à rester ensemble, et devant l'absence de remords, leur union finit par être acceptée. Un peu plus tard, le roi Philippe Ier, trouva sage de se réconcilier avec eux et accepta même Raoul à la cour. Anne y réapparut également avec le titre de reine mère, une fois le comte décédé. Depuis, Anne ne laissa plus aucune trace et nul ne sait ce qu'elle est devenue.
Il est dit qu'elle retourna sur sa terre natale. Mais une tombe, trouvée en 1682 dans l'abbaye de Villiers-aux-Nonnains, près de la Ferté-Alais, laisse à penser qu'elle n'a peut-être pas quitté la France. Cette tombe portait l'inscription « Anne, femme de Henri ». Son corps pourrait également reposer à Senlis, lieu qu'elle chérissait et où elle fit construire l'abbaye Saint-Vincent.
Le mystère demeure toujours mais Anne serait décédée entre 1076 et 1080, à Verneuil, près de Melun, sans avoir connu son petit-fils, le futur roi Louis VI le Gros, né en 1081.
A.P.
Départ de la princesse russe Anne de Kiev en France pour le mariage avec le roi Henri Ier
En complément, cf :
https://www.persee.fr/doc/slave_0080-2557_1985_num_57_4_5520
Anne de Kiev, reine de France, et la politique royale au XIe siècle : étude critique de la documentation
[article]
Revue des Études Slaves Année 1985 57-4 pp. 539-564
Fait partie d'un numéro thématique : Aspects des relations intellectuelles entre la France, la Russie et l'U.R.S.S., sous la direction de Robert-Henri Bautier
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https://fr.rbth.com/art/histoire/2017/05/30/legendes-et-mythes-sur-anne-de-kiev_772977
Légendes et mythes sur Anne de Kiev
HISTOIRE 30 MAI 2017
Tatiana Bondareva-Koutarenkova
Le 19 mai 1051, la princesse russe Anna Iaroslavna épousa le roi des Francs Henri Ier pour devenir la première et l’unique reine russe de l’histoire de France […]
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https://fra.1sept.ru/article.php?ID=200900704