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Vannina Schirinsky-Schikhmatoff, "Indiana Jones" du musée Fesch d'Ajaccio. Article suivi de " Les déportés corses du convoi des 45.000"




Article octobre 2019 actualisé octobre 2021.
 
L'intérêt que nous portons à Vannina Schirinsky-Schikhmatoff  se justifie à plusieurs titres : elle est en effet la descendante d'une grande famille princière russe, mais elle est aussi d'ascendance corse, puisqu'elle est la fille de Philippe Alfonsi , journaliste, écrivain et producteur bien connu.
Nous relaterons ci-après  la  carrière personnelle  de Vannina Schirinsky- Schikhmatoff, puis nous évoquerons la destinée de
 son grand oncle Youri (Georges) mort en déportation ..... du fait de ses sympathies pour le communisme.
Georges  
Schirinsky-Schikhmatoff  a fait partie du  "convoi des  45.000" , train de la mort  qui a quitté Compiègne le 6 juillet 1942 .  Il est décédé  au camp de Birkenaus
  
le 17 août.
Deux  déportés Corses de ce même convoi  ont  connu un sort identique. Nous ferons donc suivre  le récit du tragique destin de Georges  Schirinsky-Schikhmatoff  d'un  article  consacré au film  
"
Ciò chì ni firmarà " (Ce qu'il en restera), film  réalisé par  le  réalisateur insulaire Paul Filippi.
J.M
 


http://www.francesoir.fr/actualites-france/du-patrimoine-au-street-art-vannina-schirinsky-schikhmatoff-ou-lart-dans-tous-ses états.


Du patrimoine au street-art: Vannina Schirinsky-Schikhmatoff ou l'art dans tous ses états

Publié le :

Vendredi 05 Juillet 2019
Par Maureen COFFLARD - Ajaccio (AFP)

 

De la découverte du premier livre d'égyptologie à ses créations de street-art, de ses cours de peinture en prison à ses démarches pour sauver la bibliothèque patrimoniale d'Ajaccio, Vannina Schirinsky-Schikhmatoff s'investit sans compter pour dynamiser le monde artistique corse.

"Volcanique", c'est ainsi que la décrit Francesco Tiradritti, égyptologue italien qui a confirmé la rareté du "Thesaurus Hyeroglyphicorum, premier livre d'égyptologie" découvert par Vannina Schirinsky, "entre le bottin corse et un Marc Levy" dans la réserve de la bibliothèque patrimoniale où elle est chargée de mission conservation et restauration.

"Sa volcanicité l’a amenée à fouiller dans tous les coins de la bibliothèque Fesch". Elle "pense continuellement à de nouvelles initiatives", déclare-t-il à l'AFP: "C'est parfois difficile à suivre mais on rit beaucoup!"

Vannina Schirinsky, surnommée "Indiana Jones" par plusieurs élus municipaux, a aussi exhumé, parmi 1.000 raretés, des lettres inédites signées de Napoléon ou "un double volume" des plans de la Tour Eiffel signé de Gustave Eiffel.

Des trouvailles réjouissantes pour Simone Guerrini, adjointe à la Culture de la ville, qui salue en Mme Schirinsky "une personne extrêmement impliquée et compétente". "Ingérable" selon ses détracteurs, Vannina a plutôt, selon Mme Guerrini, "des convictions fortes qu'elle défend contre vents et marées".

Grâce à elle, la bibliothèque municipale Fesch est l'un des 18 monuments français à préserver retenus par Stéphane Bern pour le Loto du Patrimoine 2019. "J'ai été convaincu de l'urgence de la situation suite aux nombreux échanges entre Vannina et ma collaboratrice", a expliqué à l'AFP l'animateur télé.

Née le 8 mai 1973 à Paris, fille du journaliste Philippe Alfonsi et de la princesse russe Xenia Schirinsky-Schikhmatoff, Vannina décrit une éducation "d'aristo russe" et une enfance marquée par une période "sous protection policière" à cause de "menaces de mort" liées aux investigations paternelles.

"Ça a duré un mois mais à 7 ans, ça marque", confirme Philippe Alfonsi, dont la fille retient aussi une jeunesse néanmoins riche de bons moments quand "Anne Sinclair, Yvan Levaï ou Roger Gicquel déboulaient à la maison".

- "Passion de la beauté" -

"Baignée dans l'art dès l'enfance avec des parents terriblement épris d'esthétique" et formée notamment au Palazzo Spinelli à Florence, elle a commencé à peindre sur "les murs de la maison familiale" avant une première fresque de 15 mètres de "street-art" sur une usine dans l'Allier à 20 ans. Mais c'est en Corse, il y a 10 ans, qu'elle a vraiment "accroché avec le street-art".

"Van Shirin", de son nom de street-artist, peint dans les rues d'Ajaccio et côtoie des grands noms du milieu comme Seth Globepainter ou Lek & Sowat qui lui donnent confiance.

Il y a 6 ans, cette célibataire sans enfant fait d'un passage obscur face à la préfecture son "spot" où elle "peint au milieu des rats, de la saleté, des poubelles, des gens qui venaient pisser dans mon dos".

Là, elle initie avec son ami street-artist Mako Deuza au printemps 2019 le "MAP ou Musée des arts populaires", un nom un peu pompeux pour un lieu où chacun peut s'exprimer artistiquement. Depuis, les fresques y fleurissent.

"L'art doit améliorer la vie des gens", confie la graffeuse en terminant au sol une carpe Koï rouge sur fond bleu électrique, assurant vouloir "amener de l'émerveillement" surtout aux enfants tout en assumant un "regard sans illusion sur ce monde".

"Elle a des choses à dire, du style, street-artist c'est réducteur, c'est une artiste globale", estime Mako Deuza, lui-même titulaire d'un doctorat en énergie solaire, qui trouve "marrant de voir la conservatrice mettre le masque et bomber".

Pour elle, pas de grand écart entre le patrimoine et l'art de rue, "c'est la même histoire, la passion de la beauté".

Férue de transmission, elle a donné pendant sept ans des cours de peinture à la prison d'Ajaccio notamment à Charles Pieri, ancien patron du Front de libération nationale corse (FLNC). "Un élève très doué", commente-t-elle sobrement, ajoutant: "je leur amenais deux heures de liberté intellectuelle par semaine".

Aujourd'hui, elle cherche à sauver un château familial spolié à Tchervone en Ukraine, convaincue que "le patrimoine est la racine de l'humanité".

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Vannina Schirinsky, responsable de la conservation et de la restauration, a présenté, hier, une vingtaine de livres rares, dont plusieurs de la collection de Lucien Bonaparte.
Vannina Schirinsky, responsable de la conservation et de la restauration, a présenté, hier, une vingtaine de livres rares, dont plusieurs de la collection de Lucien Bonaparte.


Vannina SCHIRINSKY  SCHIKHMATOFF a été  responsable de la conservation et restauration  du Musée Fesch. A ce titre elle a apporté une contribution importante à la préservation  des trésors de ce musée.
Un article de Corse Matin en date du  22/09/2019 , signé  Caroline Marcelin, article dont nous livrons ci-après un  court extrait, témoigne  de son  active participation à la mise en lumière de ces trésors.


 
[...] La cause est belle. Et pour ceux qui en doutaient, la responsable de la conservation et restauration des lieux, Vannina Schirinsky, surnommée "Indiana Jones" par le maire , a présenté hier à l’assistance une bonne vingtaine de perles sorties des réserves, parmi lesquelles La "Chronique de Nuremberg" , parue en 1493,"le best-seller du Moyen-Âge".
Cette démonstration passionnante de la richesse et de la rareté des fonds s’est doublée de l’exposé d’une nouvelle théorie sur la bibliothèque Fesch."J’ai retrouvé dans les réserves des livres exceptionnels qui ont trait à l’ésotérisme, l’hermétisme à l’astrologie, à la symbolique. Ils sont très recherchés par certains collectionneurs. Ces œuvres appartiennent à la collection de Lucien Bonaparte , le fondateur de la bibliothèque (1801).
Je me suis rendu compte que sa collection était principalement axée sur l’ésotérisme. Lucien Bonaparte était franc-maçon, intéressé par une maçonnerie bien précise, basée sur le savoir des anciens Grecs et Égyptiens, appelée la philosophie éternelle. Aussi je suis convaincue que son idée était de faire une bibliothèque idéale maçonnique de la philosophie éternelle"
, explique Vannina Schirinsky. [...]





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Vannina Schirinsky est la descendante d'une grande famille princière russe ayant émigré en France lors de la révolution bolchevique.
L'un des membres de cette famille a connu une fin tragique en déportation ..... du fait de ses "sympathies communistes". Le grand-oncle de Vannina, Youri (Georges en français), est en effet décédé sous le matricule  « 46116 » à Auschwitz.  Sa destinée particulière  est relatée sur le site
:
https://politique-auschwitz.blogspot.com/2014/02/schirinsky-schikhmatoff-yuri-georges.html
 

SCHIRINSKY-SCHIKHMATOFF Yuri (Georges)

 
Sur le front de Crimée
Matricule « 46116 » à Auschwitz
 
Yuri (Georges) Alexeïevitch Schirinsky-Schikhmatoff est né le 30 août 1890 à Pétrograd (Saint-Pétersbourg, Russie) ; descendant du premier fils de Gengis Khan, il appartient aux "grandes familles" de la noblesse russe.
Il est le fils de Léocadia, Petrovna Menzentzova et du prince Alexis, Alexandrovitch Schirinsky-Schikhmatoff, ministre du Tsar. Il a deux frères, les princes Kyril (Cyrille) Alexeïevitch et Alexandre Alexeïevitch. 
A la révolution bolchevique, sa famille a quitté la Russie pour Prague et l’Allemagne puis pour la France.


 
1911, Chevalier Garde
 
En 1911, Georges Schirinsky-Schikhmatoff est officier dans les « Chevaliers-gardes », une unité de cavalerie de la  Garde Impériale Russe, formée uniquement de nobles, et qui recrute les plus grands noms de l’aristocratie de Russie.
 
Olga Vlovna

Georges Schirinsky-Schikhmatoff a épousé Olga Vlovna De Witt, qui sera infirmière pendant la première guerre mondiale

 
Cyrille et Georges Schirinsky-Schikhmatoff (1914)

 
 
Il est mobilisé comme officier de cavalerie le 30 juillet 1914. Affecté à la 7ème armée, il est - comme son frère Cyrille - de 1914 à 1916 sur le Front de Crimée, avec la 8ème division de cavalerie de Crimée, cantonnée à Kishinev.

 
en 1920

 
Après la révolution bolchevique, il vient s’installer en France (avec un statut de réfugié) avec ses parents qui ont acquis une propriété à Sèvres, après avoir dans un premier temps séjourné à Prague et Karlsbad (Bade-Wurtemberg) en 1920. 
Grâce aux photos publiées sur le blog (1) de la famille Schirinsky-Schikhmatoff, on sait que les trois frères et leurs parents sont en France en 1923.


 
1924,  il "fait le Taxi".

 
En 1924, Georges Schirinsky-Schikhmatoff gagne sa vie comme chauffeur de taxi (photo ci-contre), comme nombre d'aristocrates russes exilés. Puis semble-t-il il travaille comme représentant de commerce (profession qu’il déclarera à Auschwitz). Son père décède en 1930.

 
En 1919

 
Veuf de son premier mariage, Georges Schirinsky-Schikhmatoff épouse en 1931, à Meudon, Eugénie Silberberg, née le 26 février 1885 à Elisabethgrad (Russie), veuve elle aussi. Elle est infirmière. Le couple habite alors Meudon, au 57 rue des Galons.
Le couple Schirinsky-Schikhmatoff est domicilié au 17 rue Marbeau à Paris (16ème) au moment de l’arrestation de Georges. 
On trouve néanmoins plusieurs autres adresses sur sa fiche au DAVCC (7 avenue Léon Heuzey (Paris 16ème), 137 avenue Mozart (Paris 16ème), qui sont peut-être celles de ses frères.
Georges Schirinsky-Schikhmatoff est arrêté le 17 mars 1942 par la Gestapo. Il est interrogé au 11 rue des Saussaies au siège de la Police de Sûreté Allemande (qui comprenait dans ses services, la section IV connue sous le nom de Gestapo). Il est incarcéré le 18 mars à la Santé. C'est un « idéaliste » selon sa famille, et d'après les Allemands il est arrêté pour ses idées pro-communistes.

 
 
Remis aux autorités allemandes à leur demande, celles-ci l’internent le 4 mai 1942 au camp de Royallieu à Compiègne, en vue de sa déportation comme otage. Il reçoit à Compiègne le numéro matricule « 5140 ».
Depuis ce camp, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, voir les deux articles du blog : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942)   et «une déportation d’otages ».

 
Cf Article du blog : Les wagons de la Déportation

 
Georges Schirinsky-Schikhmatoff est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000». Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en France, les Judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le blog le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6, 7, 8 juillet 1942.
Georges Schirinsky-Schikhmatoff est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «46116» selon la « Liste officielle n° 3 » des décédés des camps de concentration d’après les archives de Pologne (ACVG), confirmée par la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d'Etat d'Auschwitz. Lire dans le blog le récit de leur premier jour à Auschwitz : L'arrivée au camp principal, 8 juillet 1942.  et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, "visite médicale"

 
Dessin non daté
 
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz. 
Après l’enregistrement, Georges Schirinsky-Schikhmatoff passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks. Il a déclaré être agent d’assurance, donc sans qualification intéressant la Gestapo du camp : il reste donc à Birkenau (ce qui est confirmé par le témoignage de Daniel Nagliouk (rescapé d’origine ukrainienne).
Georges Schirinsky-Schikhmatoff meurt à Birkenau le 17 août 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 1079) et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et de décès, avec l’indication « Grec orthodoxe » comme religion.
Il convient de souligner que vingt-six autres «45000» ont été déclarés décédés à l’état civil d’Auschwitz ce même jour (c’est le début d’une grande épidémie de typhus au camp principal, qui entraîne la désinfection des blocks, s’accompagnant d’importantes sélections et du transfert du camp des femmes). Lire 80 % des 45000 meurent dans les 6 premiers mois, pages 126 à 129 in Triangles rouges à Auschwitz.

 
Dessin de Franz Reisz, 1946

 
Le certificat d’Auschwitz porte comme cause du décès « Sepsis at Angina » (Sepsis généralisé, symptôme d’angine). Il semble selon le témoignage de Daniel Nagliouk, qu’il ait en fait été battu à mort. L’historienne polonaise Héléna Kubica explique comment les médecins du camp signaient en blanc des piles de certificats de décès avec «l’historique médicale et les causes fictives du décès de déportés tués par injection létale de phénol ou dans les chambres à gaz». Lire dans le blog : Des causes de décès fictives.
Sa famille n’a été avertie, ni de son emprisonnement à la Santé, ni de sa déportation à Auschwitz. Le 24 juin 1944, son frère Cyrille engage des démarches afin de savoir ce qu’il est devenu. Le 26 septembre 1946, le nom et le matricule de Georges Schirinsky-Schikmatoff figurent sur la « Liste officielle n° 3 » des décédés des camps de concentration d’après les archives de Pologne, éditée par le ministère des anciens combattants et victimes de guerre.
Dès le 7 août 1947, le bureau d’état civil du Ministère des anciens combattants établit un acte de décès avec la date exacte.
Un arrêté ministériel du 23 mai 1998 paru au Journal Officiel du 24 janvier 1998 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et jugements déclaratifs de décès, en reprenant la date de décès de l’état civil d’Auschwitz.
  • Note 1 : @ toutes les photos, excepté le dessin de Franz Reisz sont extraites du blog Schirinsky-Schikhmatoff / Teresthenko / Von Keyserling families sur overblog.
Sources  
  • Dossier personnel au Bureau des archives des conflits contemporains (BACC), Ministère de la Défense, Caen (février 1992).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres - incomplets - de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943 le décès des détenus immatriculés).
  • Renseignements fournis par des membres de sa famille (son frère Cyrille et sa nièce Xénia Alexandrovna, en 2009).
  • Liste incomplète des internés de Compiègne (BACC), Ministère de la Défense, Caen. Listes - incomplètes - du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
Biographie rédigée en 2002 pour l’exposition de l’association « Mémoire Vive » consacrée aux « 45000 » de Paris, complétée en mars 2009, et mise à jour en février 2014, par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à  Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005.


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A la croisée des deux grandes catégories de la Déportation

 
Le convoi d’otages parti de Compiègne vers Auschwitz le 6 juillet 1942 occupe une place particulière dans les déportations de France  (cliquer sur le texte souligné). Placé sous la bannière de la croisade hitlérienne contre le "judéo-bolchevisme" et dispositif de "la politique des otages" destinée à dissuader les résistants communistes de poursuivre leurs attaques contre des officiers et des troupes de l'armée d'occupation, il s’apparente par ses origines aux fusillades massives d'otages communistes et juifs de septembre 1941 à juillet 1943 et aux premiers convois de Juifs de France dirigés sur Auschwitz-Birkenau entre mars et juin 1942.
Sur les 1170 hommes (plus de 1100 "otages communistes" et 50 "otages juifs") qui furent immatriculés le 8 juillet 1942 à Auschwitz entre les numéros 45157 et 46326 - d'où leur nom de "45000" - seuls 119 restaient en vie au jour de la victoire sur le nazisme.
Après les décès d'André Montagne en mai 2017 et de Fernand Devaux en mai 2018, Richard Girardi serait désormais le dernier survivant du convoi.
L’histoire de ce convoi atypique - dont les premières recherches furent entreprises en 1971 par Roger Arnould (résistant déporté à Buchenwald et auteur de plusieurs ouvrages édités par la FNDIRP) - a fait l'objet d'une thèse de doctorat d’Histoire soutenue par Claudine Cardon-Hamet en 1995 et de deux ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 » (éd. Graphein, Paris, 1997 et 2000, épuisé) qui publie le contenu de sa thèse avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) - et le livre grand public Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 (éd. Autrement, collection Mémoires, Paris, 2005, mis à jour en 2015) édité avec le soutien de la Direction du Patrimoine et de l'Histoire et de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.


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Vannina SCHIRINSKY - SCHIKHMATOFF a bien voulu nous apporter quelques précisions complémentaires concernant son grand oncle paternel,Youri (Georges).
 
" Son père s'appelait Alexeï Alexandrovitch Schirinsky-Schikhmatoff. Il était le dernier Chambellan du Tsar Nicolas II et son Ministre des Beaux-Arts ainsi que représentant du Saint Synode.
Youri fit partie du Corps des Gardes à cheval du Tsar.
Il avait deux frères, Kyril ( Cyrille) et Alexandre, le cadet, mon grand-père.
Youri était l'aîné de la famille.
C'était un formidable cavalier et un amoureux absolu des chevaux.
Il se mit à l'écart de la famille en épousant une femme révolutionnaire veuve du terroriste qui perpétra des attentats contre le gouvernement dans lequel se trouvait son père.
Un destin tragique.
Il perdit aussi  sa première femme qui était elle aussi infirmière, lors de la première guerre mondiale. Elle contracta le choléra et en décéda.
Elle faisait partie de la famille De Witt " . 

 
 
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Déportés corses dans le "convoi des 45.000"
 

 
https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/cio-chi-ni-firmara-un-film-de-paul-filippi-decouvrir-ce-soir-20h50-et-suivi-d-un-debat-21h45-960529.html
 
Le 6 juillet 1942, 2 Corses, Pierre Longhi et Hilaire Castelli, sont parmi les centaines de personnes regroupées sur le quai de la gare de Compiègne. On les emmène vers l’Est par le premier convoi de déportation politique parti de France. La plupart n’en reviendront jamais...
Il ne reste que peu de choses de l’histoire de ce convoi pour Auschwitz.
La blessure intime de la perte d’un père, le deuil d’un grand-père…
Et quelques documents épars, rescapés du désastre. « Ce qu’il en restera » est le récit d’un voyage dans le temps et l’espace, parmi les traces et les vestiges.
Un voyage dans une histoire à hauteur d’homme pour donner un visage à la multitude.

"Ciò chì ni firmarà" (Ce qu'il en restera), un film de la collection Ghjenti réalisé par Paul Filippi […]
La mémoire du Convoi dit des "45 000", premier convoi de déportés politiques parti de France pour Auschwitz suscite toujours bien des questions, 70 ans après. Qui étaient ces hommes? Quels ont été leur parcours? Quelles traces ont-ils laissé? Quels souvenirs ont-ils laissés à leurs descendants? Quelle place les commémorations de la 2ème Guerre Mondiale leur accorde-t-elle?


https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/emissions/cultura/les-convois-de-deportation-politique-en-parle-dans-cultura-vendredi-25-mars-21h40.html
 
Auschwitz-Birkenau, ce camp d’extermination était l’archétype du mal absolu, une des pièces de la Solution Finale. On sait moins que des milliers de résistants et militants anti-fascistes y périrent.
Affublés d’un triangle rouge sur leurs uniformes… ces hommes et ces femmes payèrent très cher le prix de leurs engagements et de leurs idées politiques.

Il y eu le convoi des 45 000, célèbre pour avoir été le premier convoi politique parti de France vers la Pologne, le 6 juillet 1942…

Puis il y en eu d’autres, comme le Convoi des 31 000, le 24 janvier 1943, composé de femmes, elles aussi militantes communistes et résistantes…

Mais les autres? Qui étaient-ils ? Quelles traces ont-ils laissé? Quels souvenirs à leurs descendants? Quelle place la mémoire collective et les commémorations de la 2ème Guerre Mondiale leur accordent-t-elles?

Pierre Longhi et Hilaire Castelli sont nés en Corse et tous deux en sont partis pour gagner leur vie. Le 6 juillet 1942, ils sont parmi les centaines de militants communistes ou syndicalistes regroupés sur le quai de la gare de Compiègne par les soldats allemands. Des centaines d’hommes qu’on emmène vers Auschwitz par le premier convoi de déportation politique parti de France.
La plupart n’en reviendront jamais.
« Ce qu’il en restera » est le récit d’un voyage dans le temps et l’espace, parmi les traces et les vestiges. Un voyage dans une histoire à hauteur d’homme pour donner un visage à la multitude.

Les invités de Delphine Leoni
- Paul Filippi, documentariste
- Pierre Labate, association "Mémoire Vive"
- Sébastien Ottavi, professeur d'Histoire